VirginieHocq et Zinedine Soualem forment un couple diaboliquement drôle dans cette comédie grinçante d'Emmanuel Robert Espalieu. Mise en scène Johanna Boyé
Catherine Sellers en scène - dr L’actrice Catherine Sellers est morte un dimanche, le 9 de ce mois. Quelques jours plus tard son corps est parti en poussière au crématorium du Père Lachaise. Fin biologique d’une grande actrice. Il y a plus de dix ans que Catherine Sellers avait volontairement disparu des scènes des théâtres qui lui étaient si chères. Un deuil insupportable C’était à l’automne 2003. Claude Régy mettait en scène Variations sur la mort », une pièce de Jon Fosse au théâtre de la Colline. Dans l’invitation envoyée aux journalistes, la distribution était donnée par ordre alphabétique. Le dernier nom était celui de Catherine Sellers. Mais elle n’était pas sur scène. Dans le programme donné aux spectateurs, Régy s’en expliquait La suite après la publicité Fin septembre, un deuil trop insupportable a éloigné Catherine Sellers de la possibilité de jouer. » Il disait aussi qu’il ne l’avait pas remplacée, qu’elle était donc irremplaçable. Avec l’accord de l’auteur, il avait aménagé le texte de la pièce, coupant ici, redistribuant là. Plus tard Dans le désordre », Editions actes sud, Régy se souviendra qu’ il y avait sur scène comme une absence tragique ». Son dernier rôle en quelque sorte. Le deuil insupportable » était celui de son époux, l’acteur et metteur en scène Pierre Tabard avec lequel elle avait fondé la compagnie Pierre Tabard en 1984. Un couple devenu inséparable à la ville et souvent à la scène, lui la mettant en scène, elle jouant avec d’autres. Catherine Sellers n’a pas joué Variations sur la mort ». Elle n’a plus jamais joué. Plus voulu. Jamais. Les visiteurs de la rue de Bourgogne Comme d’autres amis ou admirateurs, il m’arrivait d’aller la voir dans son petit appartement regorgeant de souvenirs, rue de Bourgogne, derrière l’Assemblée nationale. Elle y vivait confinée, entourée d’ombres, de talismans. Vieilles affiches, photos, tableaux, lettres. Toute une vie faites de traversées, de rôles et d’êtres aimés. Sa vie s’était arrêtée là. Après le thé, elle emmenait son visiteur à la Bourgogne. Elle ne mangeait presque rien. C’est extraordinaire. Elle ne mange rien. Elle commandera une tranche de jambon, enlèvera autour le moindre point de gras, grignotera trois petits morceaux et posera son couvert, vous verrez » disait déjà Camus aux Gallimard, peu après l’avoir rencontrée anecdote rapportée par Olivier Todd dans sa biographie de Camus, Folio.La suite après la publicité Claude Régy et Catherine Sellers s’étaient connus elle née en 1926, lui en 1923 au cours de Tania Balachova. Où elle croisa également Antoine Vitez qui, bien plus tard, devait la distribuer dans Les miracles », salle Gémier à Chaillot. Régy devait réunir Sellers et Balachova dans sa seconde mise en scène La vie que je t’ai donnée » de Pirandello, en 1953, c’est aussi le second spectacle où joue la jeune actrice. Si le rôle vous plaît, il est à vous » Albert Camus la voit sur la scène de l’Atelier en 1955, elle est Nina dans La mouette » que met en scène André Barsacq, le directeur du théâtre. Il est sous le charme. Elle le sera aussi lorsqu’en avril 1956, il l’invite chez Lipp lui tend le manuscrit de son adaptation de Requiem pour une nonne » d’après Faulkner Lisez la pièce. Si le rôle vous plaît. Il est à vous » Commence une liaison discrète, une passion réciproque et durable. Requiem » est bien accueilli par la critique même par l’insipide Jean-Jacques Gautier dans Le Figaro ». Morvan Levesque, avec clairvoyance, chante la gloire de la jeune actrice La suite après la publicité Melle Sellers est peut-être, depuis l’autre soir, la meilleure actrice de sa génération. Son interprétation réunit semble-t-il, toutes les qualités qu’on peut exiger d’une comédienne présence, frémissement et maîtrise de soi, rareté des gestes et des attitudes, intelligence du personnage et du texte. » On voudrait avoir écrit ces lignes. La mort de l’être aimé Toujours avec Camus, cela sera Les possédés » d’après Dostoïevski en 59, après qu’elle eut été Prouhèze dans Le Soulier de Satin » au théâtre du Palais royal, lors d’une reprise effectuée par Jean-Louis Barrault il avait créé la pièce en 1943. Camus rêve de diriger un théâtre avec une troupe dont feraient partie Maria Casarès et Catherine Sellers, deux femmes qu’il aime et auxquelles il lui arrive d’écrire une lettre à chacune le même jour. C’est le cas aux derniers jours de l’année 1959. Camus écrit à Catherine Voici ma dernière lettre, ma tendre. Ce sera pour te souhaiter l’année du cœur, plus une couronne de tendresse et de gloire... » Il lui donne rendez-vous à Paris quelques jours plus tard, il lui parle de son livre en cours Le premier homme ».Le 2 janvier il prend place dans la Facel-Véga de Michel Gallimard, on connaît la suite après la publicité Requiem » sera repris en 61 là où le spectacle avait été créé, au théâtre des Mathurins. Avec Catherine. L’été 60 elle avait été l’Antigone de Sophocle pour Vilar au TNP et au Festival d’Avignon. Belles photos d’Agnès Varda la montrant en robe noire, les yeux charbonneux, bouche ouverte, portant à bout de bras la tragédie. De Régy à Duras On devait par la suite la retrouver souvent sur la scène du théâtre d’Orsay où Jean-Louis Barrault avait fini par trouver refuge après son éviction de l’Odéon pendant l’été 68. Dans ce lieu aujourd’hui disparu, des adolescents ébahis d’alors y croisaient parfois la silhouette pale de l’actrice, ses cheveux bruns de juive tunisienne elle été née Jacqueline Toubiana-Tabbah, des cheveux que Camus avait caressé. Extrait de Détruire dit-elle » un fil de Marguerite Dras avec Catherine Sellers C’est aussi vers la fin des années 60 qu’elle rencontre l’univers de Marguerite Duras. Son cinéma, avec trois films Détruire-dit-elle », La femme du Gange », Jaune soleil ». Et son théâtre. Régy, bien des années après leurs communs débuts, la retrouve pour Eden Cinéma ».Une pièce où Duras a écrit un rôle muet destiné à Madeleine Renaud ce qui ne plaît guère à cette dernière. Catherine Sellers et Mikael Lonsdale sont assis à une table, de part et d’autre de la scène, et ils lisent. Duras retrouvera Sellers pour des lectures. Et écrira sur elle des lignes magnifiques La suite après la publicité Elle joue toujours loin que la scène, toujours. Et à la place, toujours dangereuse. Et toujours, elle donne ce sentiment bouleversant que cette place -de laquelle elle vous renvoie le rôle- est la place véritable de ce rôle, même si vous, vous ne l’aviez pas encore aperçue. » La compagnie de Pierre Tabard J’ai perçu la justesse de de ces propos en assistant à quelques répétitions de Rencontre », une des rares pièces de l’écrivain hongrois Peter Nadas, pièce pour laquelle Catherine Sellers avait une passion partagée avec Pierre Tabard, le second grand amour de sa vie. C’était en 1996, dans une des petites salles du Théâtre du Rond-Point qui n’était pas la galerie marchande qu’il est devenu. Avant que le cancer ne le ronge plus avant, Pierre Tabard devait une dernière fois la diriger dans L’amante anglaise » de Marguerite Duras. Les corps disparaissent, les visages s’estompent avec le temps, restent, plus longtemps, les voix. Et, pour l’actrice vénérée, l’ombre d’une vie devenue légende. Catherine Sellers me fait penser à ces mots de Dante que met Fosse en exergue à l’une de ses pièces et que Régy cite volontiers Je ne mourus pas, et ne restais pas vivant juge par toi-même, si tu as fleur d’intelligence, ce que je devins, sans mort et sans vie ». Que vont devenir tous les trésors qui peuplaient son appartement ? Tout un pan du théâtre français git là derrière des volets clos.
Superpièce de théâtre. Le décor est très joli. Les comédiens formidables. Moi j adore virginie Hocq alors là maintenant suis encore plus fan. Le seul bémol c’est le titre de la pièce : impossible de le retenir. Même 10mn après être sortie du théâtre. Très compliqué pour faire du bouche à oreille. Mais encore une fois bravo
Par Marine S. Publié le 5 septembre 2014 à 11h01 Il fait froid, il fait nuit tôt... Rien de tel que l'hiver pour s'offrir une sortie théâtrale. Dans la chaleur des velours rouges et des élégantes salles, des pièces de qualité vous attendent. Maître-mots rire et surprises ! Le Placard au Théâtre des Nouveautés Parce qu'une pièce de Francis Veber est toujours un agréable moment à passer... On rit franchement, et les thématique sont toujours simples et légères. Un bon moment à passer entre amis avant de se remémorer les bonnes répliques autour d'un bon repas en sortant. Roméo et Juliette au Théâtre de la Porte Saint-Martin De nombreuses jeunes filles diront qu'elles n'acceptent d'aller au théâtre que pour Niels Schneider. Si votre fille fait partie de cette catégorie, sautez sur l'occasion le beau blond est, en plus d'être manifestement au bon goût des demoiselles, un acteur de talent souvent vu dans le cinéma québécois de Xavier Dolan. Une perle qu'il faut pas rater, dans une pièce qui ravie de toute façon. Les Fausses Confidences à l'Odéon Quand on aime le théâtre et le cinéma, il faut, au moins une fois dans sa vie, avoir vu Isabelle Huppert sur scène. On ne discute pas, c'est comme ça. Isabelle Huppert dans un Marivaux mis en scène par Luc Bondy, encore plus. Le Misanthrope au Théâtre de l'Œuvre Vous adorez Le Misanthrope, et nous aussi. Nous sommes nombreux à aimer Le Misanthrope. Le Théâtre de l'Œuvre accueille cette génialissime pièce de Molière mise en scène par Michel Fau. Un must de cette rentrée. À lire aussiQue faire ce week-end à Paris avec les enfants, ces 20 et 21 août 2022Que faire cette semaine à Paris du 22 au 28 août 2022Un Singe en Hiver au Théâtre de Paris Pour les amateurs de Jean Gabin et de Jean-Paul Belmondo on attend votre critique concernant cette adaptation avec Eddy Mitchell et Fred Testot au Théâtre de Paris. Les Chevaliers du Fiel au Théâtre des Nouveautés Le duo d'humoristes les Chevaliers du Fiel sont de retour avec un nouveau spectacle intitulé "Croisière d'enfer", une suite des aventures du couple Lambert, au Théâtre des Nouveautés. Molly Bloom au Théâtre des Bouffes du Nord Dernier chapitre du roman Ulysse, écrit par James Joyce et publié en 1922 par la librairie Shakespeare and Company, Molly Bloom met en scène les pensées nocturnes d'une femme qui ne parvient plus à trouver le sommeil... Campée par Anouk Grinberg, Molly Bloom a également l'avantage d'être présenté dans un des plus beaux théâtres de Paris, les Bouffes du Nord. Fabrice Luchini lit Voyage au bout de la Nuit Parce que c'est un des tous premiers spectacles de Luchini, parce que c'est un roman que tout le monde doit connaître, et parce que c'était une commande de Jean-Louis Barrault en 1985...

Lapièce de théâtre « Nathan », qui a pour point de départ l’assassinat du bourgmestre Alfred Gadenne, était jouée pour la première fois ce jeudi soir, à Arlon. De l’autre côté de la Wallonie, à Mouscron, l’œuvre est loin, très loin, de faire l’unanimité. L’avocat Me Rivière hésite entre la faute de goût et le manque d’honnêteté intellectuelle

Wajdi Mouawad est un personnage important dans le monde du théâtre québécois contemporain. Traitant, entre autres, de la question des origines, du cycle de la haine et de la violence inhérente à la guerre ainsi que du pouvoir de la connaissance, la pièce Incendies, sortie en 2003, deuxième volet de la tétralogie Le Sang des promesses, a connu un succès international. Incendies est donc une pièce importante dans le paysage du théâtre de l’extrême contemporain. C’est pourquoi nous avons décidé de nous intéresser de plus près à cette pièce. Wadji Mouawad Wajdi Mouawad est dramaturge et metteur en scène québécois[1]. Né au Liban le 16 octobre 1968 Coissard, p. 11, il devient enfant-soldat très jeune Coissard, p. 12. Il reste à la solde des miliciens jusqu’à ses huit ans, moment où ses parents décident de quitter le pays. Ils s’établissent alors en France. En 1983, lorsque Mouawad a 15 ans, la famille quitte la France pour le Québec. Au Québec, Mouawad obtient son diplôme de l’École Nationale de Théâtre du Canada en 1991. Après sa sortie de l’école, il cofonde le Théâtre Ô Parleur avec Isabelle Leblanc et débute immédiatement sa carrière de metteur en scène avec deux pièces écrites par son frère, soit Al Malja en 1991 et L’Exil en 1992 Coissard, p. 12-13. De cette époque à aujourd’hui, Mouawad monte une foule de pièces de genres variés, dont des pièces qu’il a écrites lui-même Coissard, p. 14. Dès 1991, il met en scène un texte à lui, soit Partie de cache-cache entre deux Tchécoslovaques au début du siècle Coissard, p. 14-15. MOUAWAD, Wajdi, Incendies Le sang des promesses, 2, Montréal, Leméac/Actes Sud, coll. Babel », 2011. Cependant, Mouawad est principalement connu pour sa tétralogie théâtrale Le Sang des promesses. Ainsi, c’est en 1997 avec Littoral, première pièce de sa tétralogie Coissard, p. 7, qu’il acquiert la reconnaissance de la critique et du public ainsi qu’une renommée internationale Coissard, p. 15. Cela lui permet de retourner en France dans le cadre de la présentation de sa pièce. Incendies, la deuxième pièce du Sang des promesses, sort le 14 mars 2003 au théâtre Hexagone et est publiée la même année aux éditions Leméac/Actes Sud Coissard, p. 7. La pièce obtient un immense succès et est adaptée en russe en 2007 au théâtre Et cetera à Moscou Coissard, p. 15. En 2009, soit trois ans après la sortie de Forêts, le troisième volet de la tétralogie Coissard, p. 7, le metteur en scène retourne pour une dernière fois à l’univers du Sang des promesses en concevant une nouvelle version de Littoral et en créant Ciels, le quatrième et ultime volet Coissard, p. 15. La même année, Incendies est rééditée dans la collection de poche Babel Coissard, p. 7. En 2010, Denis Villeneuve adapte la pièce au cinéma sous le même titre[2]. Le film est présenté pour la première fois à la 67e Mostra de Venise et est nominé aux Oscars dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère. De plus, il remporte neuf prix à la 13e cérémonie des Jutra. Présentation d’Incendies Genèse de l’œuvre Dans la postface de l’édition de Babel parue en 2009, on apprend qu’à l’origine de la pièce Incendies il y a la prison Khiam[3]. Au début de l’année 2001, Mouawad invite Josée Lambert à un lundiduda », des représentations organisées chaque mois au théâtre de Quat’Sous par Mouawad lui-même p. 137. Photographe engagée, Lambert, au cours d’un voyage au Liban en 1995, prend en photo la prison de Khiam. Au lundiduda, Lambert raconte l’histoire de la prison à Mouawad, qui n’en avait jamais entendu parler. Il s’agit d’une ancienne caserne française convertie en base de l’armée, puis en prison en 1985 p. 138. Au cours de la guerre, des milliers de Libanais et de Palestiniens sont emprisonnés de manière arbitraire. Ce n’est qu’en 2000 que la prison est finalement abandonnée, lorsqu’Israël se retire du Liban p. 138-139. Au fil de son récit, Lambert en vient à raconter l’histoire de Souha Bechara, emprisonnée à Khiam pour avoir tirée deux balles sur Antoine Lahad, le chef de l’Armée du Liban-Sud ALS p. 139. À la suite de sa rencontre avec Josée Lambert, Mouawad se plonge dans l’histoire du Liban p. 143. Au fil de ses recherches, il découvre les films documentaires de Randa Chahal Sabbag, une Libanaise vivant à Paris qui s’intéresse à la guerre civile au Liban. Plus précisément, l’un de ces documentaires, intitulé Souha, survivre à l’enfer, s’attarde, comme le titre l’indique, à la résistante libanaise Souha Bechara. Mouawad écrit alors à Sabbag et celle-ci lui fait parvenir une copie du film p. 144. En découvrant Souha Bechara, Mouawad se dit qu’elle est ce qu’il aurait pu être s’il était resté au Liban, qu’il pourrait être son jumeau p. 145. Il se rend alors à Paris pour rencontrer Sabbag, où cette dernière lui propose une rencontre avec Souha Bechara. Quand Mouawad se retrouve en présence de Bechara, il n’a pas encore lu son livre Résistante qui détaille son expérience p. 149. Il mentionne à la résistante qu’il ignorait tout de Khiam avant tout récemment et qu’il a été choqué d’apprendre que les bourreaux de Khiam vivaient au Canada aujourd’hui. Il parle aussi de l’histoire qui lui est venue de tout cela l’histoire d’une jeune fille amoureuse qui tombe enceinte et à qui on enlève son enfant p. 150. Cette jeune fille quitte son village, s’instruit, et devient journaliste. Quand la guerre éclate, elle se joint à la résistance. Lors d’une opération, elle est capturée et enfermée. Quand les autres se font torturés, elle chante, et obtient alors le surnom de la femme qui chante. En prison, elle est violée plusieurs fois, tombe enceinte et accouche d’une fille. Quand elle est libérée, elle quitte le pays avec son enfant. Plus tard, elle apprend que son violeur est le fils qu’elle cherchait. Quand elle l’apprend, elle cesse de parler. C’est en quittant Bechara que Mouawad se dit qu’il serait intéressant pour la résistante d’avoir des jumeaux plutôt qu’une fille p. 151. Ici, ceux qui ont lu Incendies reconnaîtront facilement les germes de ce qu’allait devenir la pièce. On comprend ainsi que la rencontre de Mouawad avec Josée Lambert, puis avec Souha Bechara, a été une grande inspiration. Résumé de la pièce MOUAWAD, Wajdi, Incendies Le sang des promesses, 2, nouvelle édition, Montréal, Leméac/Actes Sud, coll. Acte Sud Papiers », 2009. Quand Nawal Marwan meurt, Hermile Lebel, son ami, notaire et exécuteur testamentaire, présente son testament à ses enfants, les jumeaux Jeanne et Simon Marwan. Selon les dernières volontés de Nawal, une enveloppe est confiée à chacun d’eux. Jeanne doit remettre la sienne à leur père inconnu; Simon doit remettre la sienne à leur frère dont ils ignoraient jusqu’alors l’existence. Tandis que Simon refuse d’abord de se prêter au jeu, Jeanne, elle, part en quête de ses origines au Liban. Là-bas, au fil des rencontres, elle apprend que sa mère a été emprisonnée à la prison de Kfar Rayat par le passé, qu’elle était connue sous le nom de la femme qui chante » et que son père n’est nul autre qu’Abou Tarek, le gardien de la prison qui a violé sa mère. Après cette découverte, Simon part finalement en quête de leur frère, accompagné d’Hermile Lebel. Sa quête le mène auprès d’un individu nommé Chamseddine, qui lui révèle que leur frère, Nihad Harmanni, n’est pas l’enfant né du viol de Nawal par Abou Tarek, que c’est Jeanne et lui qui le sont. Il apprend qu’ils ont été d’abord recueilli par Chamseddine lui-même, qui les a appelé Janaane et Sarwane, et que Nihad, leur frère, est aussi Abou Tarek, leur père. La vérité révélée, les jumeaux s’acquittent de leur dernière tâche, remettant les deux lettres à Nihad/Abou Tarek. Enfin, Hermile Lebel, sous les instructions de Nawal, leur remet une lettre de la part de leur mère, qu’ils lisent. Personnages Incendies comporte un total de 15 personnages, dont trois personnages piliers Nawal, Jeanne et Simon, trois personnages secondaires importants Hermile Lebel, Sawda et Nihad Harmanni/Abou Tarek et neuf personnages que l’on dira transitoires ». Nous nous attarderons davantage aux personnages centraux. Les autres personnages seront mentionnés ou décrits par rapport à la relation qu’ils entretiennent avec les personnages piliers. Nawal Marwan Nawal Marwan est le personnage central par excellence, car toute l’intrigue s’articule autour d’elle, aussi bien dans le passé que dans le présent. Nawal naît au Liban. À l’adolescence, elle entretient une relation amoureuse avec Wahab et tombe enceinte. Jihane, sa mère, refuse qu’elle garde l’enfant et elle est donc forcée de le donner à sa naissance. Peu de temps après, Nazira, sa grand-mère, meurt, mais pas avant de lui prodiguer des conseils. Bien qu’elle apparaisse dans peu de scènes, Nazira a une influence fondamentale sur l’avenir de Nawal. C’est en effet sur son conseil que celle-ci apprend à lire et à écrire, entre autres pour pouvoir graver le nom de sa grand-mère sur sa tombe, mais aussi pour rompre le cycle de la violence et de la haine par la connaissance. Après avoir gravé le nom de sa grand-mère, Nawal part à la recherche de son fils, accompagnée de Sawda. En chemin, elle éduque la jeune femme et devient son amie. Elle est finalement enfermée à la prison de Kfar Rayat pour le meurtre du chef des milices, où elle devient la femme qui chante », en mémoire de Sawda qui chantait tout le temps. Elle est violée par le gardien de prison Abou Tarek, qu’elle ignore alors être son fils, et tombe enceinte de Jeanne et Simon. Elle accouche en prison. Plus tard, après la guerre, les jumeaux sous sa garde, elle découvre en suivant le procès d’Abou Tarek que son violeur est aussi son fils perdu, ce qui la plonge dans le silence. Au début de la pièce, Nawal vient juste de mourir. Elle a nommé Hermile Lebel comme exécuteur testamentaire et confie aux jumeaux, à travers son testament, une ultime quête. Jeanne Marwan Jeanne Marwan, fille de Nawal et sœur jumelle de Simon, enseigne les mathématiques, et plus précisément la théorie des graphes, à l’université où elle prépare son doctorat. Elle est très affectée par la mort de sa mère et décide rapidement de partir à la recherche de son père et en quête de ses origines. Au fil de son parcours, Jeanne croise plusieurs personnages. D’abord, il y a Antoine, l’infirmier qui s’occupait de Nawal à la fin de sa vie et celui qui a entendu ses derniers mots. Après la mort de Nawal, il va travailler pour un théâtre. Quand Jeanne vient le voir, il l’aide du mieux qu’il peut pour orienter ses recherches et lui remet les enregistrements qu’il a faits du silence de sa mère. Jeanne rencontre ensuite Abdessamad, qui vient du même village que Nawal. Ensuite, il y a Mansour, le guide de la prison de Kfar Rayat transformée en musée. Il la met sur la piste de Fahim, ancien gardien de la prison, reconverti en concierge. Il a été épargné après la guerre quand on a appris ce qu’il avait fait pour la femme qui chante. Quand celle-ci a accouché, plutôt que de noyer son enfant il croit qu’il n’y en a qu’un seul comme il le faisait pour les autres, il le remet à un paysan du nom de Malak. Malak, bien qu’il n’apparaisse que dans une seule scène, joue un rôle pivot. En effet, c’est lui qui apprend à Jeanne que l’ancien gardien de prison n’a pas sauvé un seul bébé, son frère inconnu, mais deux bébés, soit Simon et elle, qu’il a nommé Janaane et Sarwane. Il s’agit donc du personnage apprenant à Jeanne l’identité de son père, soit Abou Tarek, celui qui dirigeait la prison où sa mère était retenue. Simon Marwan Simon Marwan, fils de Nawal et frère jumeau de Jeanne, est un boxeur qui cherche à en faire une carrière professionnelle. Il en veut à sa mère pour avoir sombré dans le silence et refuse d’abord d’aller à la recherche de son frère. Finalement, après avoir lu le témoignage de sa mère dans le cahier rouge, Simon décide de se lancer, aidé d’Hermile Lebel. Hermile Lebel est le notaire et ami de Nawal, qui l’a désigné comme exécuteur testamentaire. Il est très affecté par sa mort et est bien décidé à faire respecter ses dernières volontés. Dans la pièce, il est mentionné qu’il a récemment changé de bureau. À noter, ce personnage permet l’introduction d’une touche d’humour dans la pièce, entre autres par le détournement d’expressions communes. Au terme de sa quête, Simon rencontre Chamseddine, le chef de la résistance du Sud. Tout comme pour Nazira ou Malak, ce personnage, bien que peu présent physiquement », joue un rôle clé dans la pièce, puisque c’est lui qui révèle à Simon que son frère perdu, Nihad Harmanni, est également son père, Abou Tarek. Nihad Harmanni / Abou Tarek Le lecteur ou spectateur en vient donc à concilier les deux hommes qui ne font qu’un. Nihad Harmanni, nommé ainsi par ses parents adoptifs Roger et Souhayla Harmanni, devient tireur d’élite sous les ordres de Chamseddine. Il prend ensuite la route du Nord pour retrouver sa mère, mais faute de succès, est recruté par l’armée étrangère où il devient un tireur d’élite cruel, qui prend en photo ses victimes et qui se fait des faux spectacles dans un pseudo-anglais. Quand il est promu au poste de chef de la prison, Nihad devient Abou Tarek. Fasciné par la femme qui chante, il se garde de la tuer et la viole à répétition. À son procès, il évoque le petit nez de clown, seule chose qui lui reste de sa mère, et c’est ainsi que Nawal, suivant les procédures, apprend que son violeur est aussi le fils qu’elle a tant cherché, car elle avait laissé à ce dernier un petit nez de clown. Analyse dramaturgique Notre analyse portera sur les éléments dramaturgiques de la pièce qui appartiennent au courant de l’extrême contemporain. Nous sommes toutefois conscient qu’Incendies peut avoir des affinités avec certains autres courants comme la postmodernité ou le théâtre d’Artaud. Nous avons ici fait le choix de nous concentrer sur son appartenance à l’extrême contemporain. Pour être plus précis, notre analyse s’articulera autour de quatre caractéristiques de l’extrême contemporain se retrouvant dans la pièce de Wajdi Mouawad le retour du récit et du personnage, le refus de la catharsis, le rôle central du traitement de la langue et l’éclatement du temps et de l’espace. Retour du récit et du personnage Avec l’extrême contemporain, on assiste à un retour du personnage et du récit, lesquels avaient été délaissés au cours de la postmodernité. En ce qui concerne le personnage, cela signifie qu’il est de nouveau doté d’une épaisseur psychologique. Ainsi, chaque personnage a sa personnalité propre; le personnage n’est plus interchangeable. Dans Incendies, on différencie effectivement les personnages les uns des autres. Mouawad va même plus loin dans le développement de ses personnages principaux, puisqu’il s’intéresse à la quête des origines de Jeanne et Simon et au parcours de vie de Nawal. Pour ce qui est du retour du récit, on mentionnera simplement que la pièce rompt avec la postmodernité par le simple fait qu’elle raconte une histoire, ce qui la classe dans l’extrême contemporain. Ce qui caractérise normalement le récit de l’extrême contemporain, c’est l’absence d’une fin bien définie, l’histoire étant plutôt laissée en suspens pour que le spectateur soit libre de formuler sa propre fin. Toutefois, Incendies s’éloigne de l’extrême contemporain en offrant une clôture plutôt conventionnelle, puisque la pièce s’achève sur la fin du parcours initiatique des jumeaux et que ces derniers ont obtenu les réponses à leurs questions relativement à leur origine. Refus de la catharsis Dans le théâtre de l’extrême contemporain, qui est pourtant parfois très violent, la catharsis n’opère pas. C’est parce que la catharsis nécessite la représentation claire d’une figure du bien » et d’une figure du mal ». Dans le théâtre traditionnel, le spectateur peut facilement identifier le héros du méchant, si bien qu’il peut aisément reconnaître l’exemple à ne pas suivre, ce qui est nécessaire pour que la catharsis fonctionne. Cependant, dans le théâtre de l’extrême contemporain, il est impossible de distinguer un héros ou un méchant au sens habituel, car l’extrême contemporain porte l’idée que tout le monde est à la fois bourreau et victime. Incendies illustre bien cette idée, puisqu’elle nous présente plusieurs personnages apparemment rangés » dans le présent, mais qui ont été coupables d’atrocités par le passé. On pensera notamment à Fahim et Chamseddine. Quant à Nihad/Abou Tarek, s’il est devenu cruel, on apprend toutefois que ce sont les circonstances de la vie qu’il a mené après que Nawal ait été forcée de l’abandonner qui l’ont rendu comme il est, si bien qu’on ne peut le voir simplement comme un vilain. D’autre part, l’idée que tout le monde est victime et bourreau est bien représentée dans la pièce par la formulation du cycle de la violence à la scène 17 p. 60-64, où un médecin explique à Nawal et Sawda que depuis des années et des années, un camp commet des atrocités pour se venger des atrocités commises par l’autre camp qui se vengeait lui-même et ainsi de suite. Ici, ils sont donc tous bourreaux et victimes. Et c’est parce que tout le monde dans Incendies est bourreau et victime, que personne n’est bon » ou mauvais » au sens traditionnel du terme et que la catharsis n’opère pas dans la pièce. Rôle central du traitement de la langue La langue du théâtre de l’extrême contemporain ne se veut pas réaliste, c’est-à-dire qu’elle ne cherche pas à imiter la réalité. Il s’agit plutôt d’une langue particulièrement travaillée, qui est sculptée, poétique, théâtrale. Notamment, Incendies comporte plusieurs longues tirades et longs monologues témoignant de la primauté du texte. Une autre caractéristique relativement au travail de la langue de l’extrême contemporain est l’emploi de tous les registres langagiers et de différentes langues. Dans la pièce, Mouawad écrit tantôt en français québécois familier – qui inclut des insultes proprement québécoises – tantôt dans un français standard soutenu. La scène 2 p. 15-26 de la pièce met bien en évidence ce contraste, présentant d’abord le testament de Nawal rédigé dans un parfait français, puis la tirade de Simon, qui parle dans un français québécois populaire parsemé de jurons. De même, l’anglais et le français se côtoient dans le texte. L’exemple le plus marquant est la scène 33 intitulée Les principes d’un franc-tireur » p. 115-116, où Nihad/Abou Tarek imite un présentateur américain dans un anglais approximatif contaminé par le français. Toutefois, c’est généralement l’anglais qui vient contaminer le français, puisque le français québécois, parlé par les personnages de Jeanne et Simon, est naturellement émaillé d’anglicismes. Enfin, le travail de la langue se manifeste aussi dans Incendies d’une manière qui lui est propre à travers le personnage d’Hermile Lebel, notamment par sa déformation des expressions courantes. Dès la première page du texte, plutôt que de dire la mer à boire », il dit la mer à voir » p. 13. Ainsi, Mouawad, grâce à ce personnage, peut non seulement jouer avec la langue à loisir, mais peut également insérer une touche d’humour dans un récit autrement très grave. Éclatement de l’espace et du temps Incendies, dans la lignée de l’extrême contemporain, présente un espace éclaté, c’est-à-dire que le lecteur/spectateur ne sait pas très bien où se déroule l’action. Cet effet d’abstraction est notamment créé par une absence de nomination. Ainsi, jamais les pays ne sont nommés p. 151. Le Liban, par exemple, n’est jamais mentionné textuellement p. 153. On l’appelle plutôt “le pays natal”, “le pays”, “le pays de votre mère” », etc. De plus, la description du pays en elle-même est très abstraite, puisqu’on situe les lieux en fonction des points cardinaux. Par exemple, Nabatiyé est simplement un village sur la route allant vers le Sud. Il faut noter que l’abstraction est maintenue même si l’auteur évoque quelques noms de lieux réels comme Nabatiyé et Kfar Matra, car il le fait en sachant qu’il écrit pour un public québécois n’ayant aucune connaissance de la géographie libanaise p. 153-154. Il s’agit donc plus de clins d’œil que d’autre chose. Enfin, on remarquera qu’aucune appartenance nationale ou religieuse n’est nommée directement dans le texte. On se contente de les désigner de manière générique par les réfugiés », les miliciens », la résistance de la région de Sud » et l’Armée du Sud » p. 154, ce qui contribue à l’abstraction générale. L’espace n’est pas la seule chose qui soit éclatée dans Incendies, le temps l’est aussi. D’abord, le temps est éclaté dans le sens qu’il ne s’écoule pas de façon linéaire. Ainsi, on ignore sur combien de temps s’échelonne l’histoire et on ne sait pas combien de temps s’écoule entre les différentes scènes. De même, il faut mentionner que la chronologie globale de l’histoire ne correspond pas à celle de la guerre du Liban p. 155. De plus, Mouawad brouille encore un peu plus les repères temporels en évitant de fournir des dates précises p. 156. Le temps de la pièce est donc un temps dilaté, à la signification symbolique p. 157, tel qu’illustré par des repères temporels abstraits comme Nous sommes au début de la guerre de cent ans » p. 76. Enfin, Mouawad achève d’éclater le temps en entremêlant les époques, alternant le récit de Nawal au passé et le récit des jumeaux au présent. Allant encore plus loin, il fait parfois se rencontrer les deux époques dans une même scène. Par exemple, dans la scène 14 Frère et sœur » p. 53-57, non seulement on alterne entre Nawal/Sawda et Jeanne/Simon, mais Nawal et Sawda croisent Jeanne sur scène. Jugement général Selon nous, Incendies est l’une des meilleures pièces d’extrême contemporain des dernières années, car Wadji Mouawad parvient à tirer le maximum des procédés propres à l’extrême contemporain, notamment en ce qui concerne l’éclatement de l’espace et du temps et le travail de la langue. Ainsi, le dramaturge mélange habilement passé et présent, toujours de manière à apporter une plus grande profondeur symbolique, sans que les transitions soient abruptes. Quant à la langue, non seulement Mouawad offre un texte bien rythmé et très poétique, mais il exploite aussi pleinement le potentiel que lui offre un milieu comme le Québec, une province bilingue qui parle un français fortement influencé par l’anglais. Mouawad n’hésite donc pas à utiliser tout le matériel langagier à sa disposition pour rendre son texte efficace, combinant français standard, français québécois, anglais, langue populaire et langue soutenue selon l’agencement le plus harmonieux. Se procurer Incendies [1] Françoise Coissard, Wajdi Mouawad Incendies, Paris, Honoré Campion, collection Entre les lignes littératures Sud », 2014, p. 7. Désormais, les références à ce texte seront indiquées entre parenthèses à la suite des citations, avec la mention Coissard ». [2] Allociné, Incendies », page consultée le 12 septembre 2018. [3] Wajdi Mouawad, Incendies – Le sang des promesses 2, Montréal, Leméac/Actes Sud, coll. Babel », 2011, p. 136. Désormais, les références à ce texte seront indiquées entre parenthèses avec le numéro de page pertinent. Voirplus d'idées sur le thème théâtre, affiche de théâtre, affiche theatre. Confidentialité . Pinterest. Aujourd'hui. Explorer. Lorsque les résultats de saisie automatique sont disponibles, utilisez les flèches Haut et Bas pour vous déplacer et la touche Entrée pour sélectionner. Pour les utilisateurs d'un appareil tactile, explorez en appuyant ou en balayant. Se connecter. S Carte mentaleÉlargissez votre recherche dans UniversalisOn désigne sous le terme de théâtre élisabéthain la production dramatique qui fit la gloire littéraire du règne d'Élisabeth Ire 1558-1603 et se prolongea jusqu'à la fermeture des théâtres, en septembre 1642, après la victoire des puritains. Toutefois, la critique anglaise utilise le terme jacobéen » ou Stuart » quand il s'agit de pièces écrites après l'avènement de Jacques Ier 1603 et jusqu'à sa mort 1623, date après laquelle la plupart des grands dramaturges ont disparu ou cessé d'écrire. La période florissante de ce théâtre, qu'illustre brillamment l'œuvre de Shakespeare, s'étend de 1580 à 1630 mystèresL'amour du spectacle – action, costumes, personnages – est déjà profondément enraciné dans l'âme du peuple anglais au cœur du Moyen Âge, et le rituel des cérémonies chrétiennes – dont la messe et les épisodes de la Passion – préfigure, dès les premiers siècles du christianisme, les jeux dramatiques, qui passent de l'église dans la rue et se concrétisent dans les somptueux défilés de chars pageants des miracle plays montés par les guildes ou les corporations. Certaines grandes villes avaient leurs propres cycles, comprenant de nombreuses pièces le cycle de Coventry et celui de Wakefield avaient chacun quarante-deux pièces ; celui d'York, cinquante-quatre, dont quarante-cinq nous sont parvenues. Ces pièces racontent naïvement les épisodes de l'histoire sainte, et sont comme un acte de piété auquel le peuple entier d'une ville ou d'une province prend part avec moralitésLes moralités apparaissent vers la fin du xive siècle, sans d'ailleurs supplanter les miracle plays. Ce sont de véritables pièces de théâtre, avec conflit et dénouement, qui dramatisent les difficultés du salut de l'homme, champ de bataille où les forces du mal – les vices, les péchés, ceux que les artistes du Moyen Âge sculptent sur la façade des cathédrales – montent à l'assaut de la citadelle de l'âme pour la soustraire à l'influence du Bien et la ravir à Dieu. Les personnages ne sont que des allégories, souvent raidies dans leur abstraction ; mais la dialectique moralisante qui anime l'œuvre peut atteindre une impressionnante intensité dans le pathétique Everyman Tout Homme, la plus célèbre de ces pièces, a connu de très nombreuses versions et se joue encore. C'est la tragédie de la solitude de l'homme devant la mort seules ses bonnes œuvres peuvent le sauver. Dans Respublica 1553, de Nicolas Udall 1505-1556, déjà se font jour des thèmes politiques. De ces pièces se dégage une vision morale de la vie, que l'on retrouve sous les formes les plus diverses dans le théâtre élisabéthain. Marlowe en offre un bel exemple dans sa Tragédie du docteur Faustus 1588-1589.Les interludesLes interludes marquent un progrès sur les moralités, en ce sens qu'ils sont une forme de spectacle plus savante, mais aussi plus variée, plus libre, puisqu'elle admet une plus grande diversité de sujets, des éléments comiques, et même bouffons. Souvent écrits par des érudits, et pas seulement par des hommes d'Église, on les joue dans les châteaux et dans les collèges. Ce sont aussi des thèmes moraux qui les animent, mais les personnages ne sont plus uniquement des allégories, et le sujet peut être profane, emprunté à la vie quotidienne, à la légende ou à l'histoire. Ainsi le jeu dramatique élargit son champ d' plupart de ces pièces sont restées anonymes, mais on connaît assez bien quelques-uns de leurs auteurs. Ainsi John Redford, qui écrivit Wit and Science 1530 env., fut maître de chapelle à la cathédrale Saint-Paul. Cet interlude, entièrement allégorique, décrit les efforts de Wit Intelligence pour conquérir Science Savoir, gardé par le monstre Ennui qu'il faut trucider. Wit y parvient avec l'aide de Raison, Diligence, etc., malgré l'obstacle que dresse Paresse sur son chemin. La pièce est parfois jouée de nos jours, non sans succès. John Rastell ?-1536, avec The Nature of Four Elements 1510, et surtout John Heywood 1497 cultivèrent le genre. Ce dernier, fort prolifique, est l'auteur de plusieurs interludes célèbres, dont The Play of the Weather Le Jeu du temps, 1533, débat animé, sous l'égide de Jupiter, entre des personnages désirant faire la pluie ou le beau temps, et The Play of the Four P's Le Jeu des quatre P, 1569, o [...]1 2 3 4 5 …pour nos abonnés, l’article se compose de 16 pagesÉcrit par doyen honoraire de la faculté des lettres et sciences humaines d'Aix-en-ProvenceClassificationArtsArts du spectacleThéâtreThéâtre occidentalHistoire du théâtre occidentalThéâtre élisabéthainArtsArts du spectacleThéâtreThéâtre occidentalGenres dramatiques en OccidentArtsArts du spectacleThéâtreThéâtre occidentalGenres dramatiques en OccidentGenres dramatiques au Moyen ÂgeArtsArts du spectacleThéâtreThéâtre occidentalThéâtres nationaux en OccidentThéâtre anglaisLittératuresHistoire des littératuresLittératures européennesLittérature anglaiseAutres références ÉLISABÉTHAIN THÉÂTRE » est également traité dans ANGLAIS ART ET CULTURE - LittératureÉcrit par Elisabeth ANGEL-PEREZ, Jacques DARRAS, Jean GATTÉGNO, Vanessa GUIGNERY, Christine JORDIS, Ann LECERCLE, Mario PRAZ • 28 339 mots • 28 médias Dans le chapitre Le drame élisabéthain » […] Le goût populaire avait conservé au théâtre anglais l'aspect moyenâgeux de successions de tableaux, comme dans les mystery plays , de sorte que les unités de temps, de lieu et d'action ne purent pas s'acclimater en Angleterre. Pour différents que soient les auteurs dramatiques qui élevèrent le théâtre anglais des imitations de Sénèque à la splendeur d'une floraison qui n'a pas d'égal en dehors de […] Lire la suiteBALDWIN WILLIAM mort en 1570?Écrit par Henri FLUCHÈRE • 463 mots Le nom de William Baldwin, poète, philosophe, historien, mais aussi imprimeur et éditeur, a survécu grâce au Miroir des magistrats The Mirror for Magistrates , 1559, dont il fut le premier éditeur. Baldwin avait composé un traité de philosophie morale 1547, adapté les Cantiques de Salomon 1549 lorsque Edward Whitchurch mort en 1561, imprimeur du roi Édouard VI mort en 1553, lui demand […] Lire la suiteBEAUMONT FRANCIS 1584-1616Écrit par Henri FLUCHÈRE • 324 mots Le nom de Francis Beaumont est indissolublement lié à celui de John Fletcher dont il fut le collaborateur constant, de 1606 jusqu'à sa mort. D'abord étudiant à Oxford, il vint faire du droit au Middle Temple à Londres, vers 1600, où il ne manqua pas de rencontrer les brillants esprits de l'époque, entre autres Ben Jonson, Michael Drayton 1563-1631, John Fletcher, qui l'entraînèrent dans le tourb […] Lire la suiteBLACKFRIARS THÉÂTRE DESÉcrit par Universalis • 368 mots Le nom de Blackfriars désigne en fait à Londres deux théâtres distincts, dont le second est resté célèbre pour avoir abrité durant la saison d'hiver après 1608 les King's Men, la troupe dont faisait partie Shakespeare comme dramaturge attitré mais aussi comme acteur. Le nom de ces deux théâtres s'explique par leur situation, à l'emplacement même qu'occupait un prieuré de Dominicains Black Fri […] Lire la suiteOTHELLO, William Shakespeare - Fiche de lectureÉcrit par Line COTTEGNIES • 1 329 mots • 1 média Jouée pour la première fois sans doute en 1604 et publiée en 1622, cette tragédie de William Shakespeare 1564-1616 emprunte les éléments principaux de son intrigue à une nouvelle italienne du xvi e siècle parue à Venise en 1565. Il semble impossible de déterminer si le dramaturge anglais avait eu connaissance de l'original italien, paru dans De gli Ecatommiti de Giambattista Giraldi Cinthio, o […] Lire la suiteCHAPMAN GEORGE 1559 par Hubert HARDT • 437 mots Poète, dramaturge et traducteur de l'époque élisabéthaine. Celui que Shakespeare nommait, non sans quelque ironie, son rival se croyait inspiré des dieux et plus particulièrement pour traduire Homère. C'est d'ailleurs, sans doute, le premier titre de gloire de George Chapman. Travail d'envergure qui s'étale sur près de vingt ans, l'adaptation à la manière des élisabéthains n'est pas seulement enri […] Lire la suiteCHETTLE HENRY 1560 par Henri FLUCHÈRE • 694 mots Fils d'un teinturier de la cité de Londres, Chettle travaille comme apprenti chez un imprimeur en 1577. On le retrouve, quelque dix ans plus tard, associé de l'imprimeur John Danter. L'imprimerie était un lieu de rencontre des university wits et des dramaturges. Danter ayant fait faillite, l'imprimeur Chettle se mit à écrire des pièces pour Philip Henslowe, entrepreneur de spectacles et construct […] Lire la suiteCOMÉDIEÉcrit par Robert ABIRACHED • 5 416 mots • 1 média Dans le chapitre L'évolution des formes populaires » […] En effet, de l'Empire romain au Moyen Âge européen, ce sont les formes populaires du jeu comique qui fleurissent partout, avec une continuité remarquable, au détriment du théâtre écrit. Si, dans les écoles, on a continué à lire Plaute et Térence, voire à composer des comédies latines, la renaissance du théâtre comique va se faire au Moyen Âge à travers la satire, la farce et l'allégorie, c'est-à- […] Lire la suiteLE CONTE D'HIVER, William Shakespeare - Fiche de lectureÉcrit par Line COTTEGNIES • 1 244 mots Le Conte d'hiver , qui compte parmi les quatre dernières pièces de William Shakespeare 1564-1616, appartient au genre hybride des romances », ou tragi-comédies romanesques, au même titre que La Tempête . Joué en 1611, il est publié pour la première fois en 1623 dans les œuvres complètes posthumes de Shakespeare. Son titre évoque les histoires merveilleuses qu'on racontait durant les veillées […] Lire la suiteDAVENANT sir WILLIAM 1606-1668Écrit par Henri FLUCHÈRE • 608 mots Né à Oxford ; on dit que Shakespeare le tint sur les fonts baptismaux. C'est peut-être ce qui lui donna l'amour du théâtre et de la poésie. Ce fils de tavernier respectable, qui eut l'insigne honneur de succéder à Ben Jonson comme poète-lauréat 1638, épousa la cause du roi, fut anobli par Charles I er 1643, jeté à la Tour 1650-1652 d'où il fut, dit-on, tiré par Milton. Il est, avant tout, […] Lire la suiteVoir aussiACTEURS ET ACTRICES théâtreACTION DRAMATIQUEEDWARD ALLEYNLANGUE ANGLAISEJAMES BURBAGECOMÉDIE DE MŒURSCOMÉDIE D'INTRIGUECOSTUME DE THÉÂTRE ET DE SCÈNEDRAMATURGIEPHILIP HENSLOWEJOHN HEYWOODTHOMAS HEYWOODINTERLUDE genre dramatiqueJACQUES IerJEU DE L'ACTEURJOHN LYLYMASQUE genre dramatiqueTHÉÂTRE MÉDIÉVALMIRACLE genre dramatiqueMISE EN SCÈNE théâtreRecevez les offres exclusives Universalis

Demême, les apparitions des ouvreuses dans la salle ont contribué à créer une ambiance particulière: les enfants avaient vraiment peur. C’était la première fois qu’ils assistaient à une pièce de théâtre, dans une salle aussi belle. Cela a

Le comédien, qui n'avait plus joué au théâtre depuis 2012, est à l'affiche de la pièce "Le fils", de Florian Zeller, au théâtre de la Comédie des dernière fois qu'Yvan Attal est monté sur des planches de théâtre pour jouer la comédie, c'était en 2012, pour Race de David Mamet. Il fait son retour à partir du 3 février au théâtre de la Comédie des Champs-Elysées pour Le fils, une pièce de Florian Zeller, mise en scène par Ladislas Chollat. Aux côtés de l'acteur, on retrouve notamment Anne Consigny ou encore Rod Paradot. "À l'adolescence, il y a un mal-être". "Si je ne suis pas retourné sur les planches de théâtre pendant six ans, c'est aussi parce que je n'ai pas trouvé de pièce qui me bouleversait comme celle-là", confie Yvan Attal, vendredi, dans Europe matin. "La pièce a résonné de manière intime en moi". Le fils raconte l’histoire de Nicolas, 17 ans, qui semble habité par un mal-être. Son père, va alors tenter de tout faire pour lui redonner le goût de vivre."Il y a encore quelques années, j'avais un fils adolescent. Ça a été une chose compliquée, complexe", se souvient le comédien. L'oeuvre de Florian Zeller pouvait donc difficilement le laisser indifférent. "La pièce m'a touché, car on se rend compte que lorsqu'on a un enfant, il faut faire le deuil de l'enfant idéal qu'on a voulu avoir", explique Yvan Attal. Une double épreuve donc, à la fois pour le fils, mais également pour celui qui l'a vu naître. "Quand on est un père pour qui ça va, on imagine que ça peut aller pour tout le monde", indique l'acteur. "Mais à l'adolescence, il y a un mal-être". Lapièce de théâtre La meute sera adaptée au cinéma par Anne Émond. Son autrice, Catherine-Anne Toupin, qui signe le scénario, reprend son rôle, tout comme Guillaume Cyr et Albert Camus en 1957 - Robert Edwards via wikimedia Albert Camus en 1957 - Robert Edwards via wikimedia Résumé Interview d'Albert Camus sur le théâtre et ses créations théâtrales, diffusée pour la première fois le 17 octobre 1951 sur la Chaîne Nationale. En savoir plus En 1951, la Radio Diffusion Française interrogeait Albert Camus sur son travail théâtral. C'était deux ans après Les Justes, qui restera sa dernière pièce qui ne soit pas une adaptation. S'il disait au moment de l'enregistrement que nous allons entendre n'avoir aucun projet qui concernait le théâtre, Camus n'en avait pas fini avec cet art qui le passionnait. Il devait encore écrire plusieurs adaptations, d'après Buzzati, Caldéron ou Faulkner notamment, et pour Le Chevalier d'Olmedo de Lope de Vega et Les Possédés d'après Dostoïevski, dont il signera la mise en scène. Quand Camus disparut à quarante-sept ans, son histoire avec le théâtre n'en était peut-être qu'à son début. Il travaillait alors à l'adaptation et à la mise en scène d'Othello et était sur le point de se voir confier par André Malraux la direction d'un grand théâtre parisien. Il commençait l'entretien en rappelant "Il y a plus de 20 ans que le théâtre sous toutes ses formes me passionne et m’instruit". Sur l’expérience de la scène, il expliquait Elle m’a appris qu’il y a des lois au théâtre, et ensuite que ces lois sont faites pour être violées. Je lis souvent que telle ou telle pièce ne respecte pas les lois du théâtre, je mets au défi ceux qui parlent toujours de ces lois de les définir. S’ils arrivent à définir les évidences que nous connaissons tous, nous nous apercevons alors que ni les tragiques grecs, ni Shakespeare, ni Molière n’en ont tenu compte le cas échéant. En somme j’ai appris sur les planches que le théâtre s’embarrasse de peu de choses de la toile pour les décors et pour la pièce des caractères et un langage. Interview d'Albert Camus sur le théâtre et ses créations théâtrales 1ère diffusion 17/10/1951 Chaîne Nationale Par Radiodiffusion Télévision Française RTF Indexation web Sandrine England, Documentation sonore de Radio France Archive Ina-Radio France Références L'équipe Philippe Garbit Dans l'atelier de restauration de l'Ina, antenne Radio France . 358 239 294 108 139 340 430 344

c était quand la dernière fois pièce de théâtre