Voici toutes les rĂ©ponses de la Grille 2 du Groupe 141 de Codycross Sports ContenuPoche buccale chez certains rongeursChez Georges Brassens ils passent en premierDĂ©monstration illustrant des proposSalade faite de cinq variĂ©tĂ©s diffĂ©rentesEst passĂ© de lâĂ©tat liquide Ă lâĂ©tat gazeuxAmoindrir une peine de prisonLe 1er mai on le cĂ©lĂšbreCâest un __ il nâabandonnera pasQui est dâapparence soignĂ©eEn gymnastique une sorte de galipetteDessin animĂ© amĂ©ricain Poche buccale chez certains rongeurs Voici le solution du groupe 141 grille 2 Poche buccale chez certains rongeurs ABAJOUE Chez Georges Brassens ils passent en premier Voici le solution du groupe 141 grille 2 Chez Georges Brassens ils passent en premier COPAINS DĂ©monstration illustrant des propos Voici le solution du groupe 141 grille 2 DĂ©monstration illustrant des propos EXEMPLE Salade faite de cinq variĂ©tĂ©s diffĂ©rentes Voici le solution du groupe 141 grille 2 Salade faite de cinq variĂ©tĂ©s diffĂ©rentes MESCLUN Est passĂ© de lâĂ©tat liquide Ă lâĂ©tat gazeux Voici le solution du groupe 141 grille 2 Est passĂ© de lâĂ©tat liquide Ă lâĂ©tat gazeux EVAPORE Amoindrir une peine de prison Voici le solution du groupe 141 grille 2 Amoindrir une peine de prison COMMUER Le 1er mai on le cĂ©lĂšbre Voici le solution du groupe 141 grille 2 Le 1er mai on le cĂ©lĂšbre TRAVAIL Câest un __ il nâabandonnera pas Voici le solution du groupe 141 grille 2 Câest un __ il nâabandonnera pas BATTANT Qui est dâapparence soignĂ©e Voici le solution du groupe 141 grille 2 Qui est dâapparence soignĂ©e ELEGANT En gymnastique une sorte de galipette Voici le solution du groupe 141 grille 2 En gymnastique une sorte de galipette ROULADE Dessin animĂ© amĂ©ricain Voici le solution du groupe 141 grille 2 Dessin animĂ© amĂ©ricain CARTOON Plus de rĂ©ponses de Codycross Sports Codycross est lâun des jeux de mots les plus jouĂ©s de lâhistoire. Amusez-vous avec les nouveaux niveaux que les dĂ©veloppeurs crĂ©ent pour nâoubliez pas dâajouter ce site web Ă vos favoris đ afin de pouvoir revenir lorsque vous avez besoin dâaide pour un niveau de Codycross. NâhĂ©sitez pas Ă nous contacter pour nous faire part de vos suggestions et commentaires.
Ă la mĂ©moire de mon pĂšre Personne nâavait prĂ©vu ça. MĂȘme Jacques Canetti, son producteur, qui avait dĂ©jĂ pris lâhabitude de faire sauter les bouchons de la gloire un peu partout dans les caves Ă chanson du St Germain de lâaprĂšs-guerre⊠Et mĂȘme Patachou [1], qui le poussait, lui, Brassens, sur la scĂšne de son cabaret⊠Personne nâavait prĂ©vu un tel succĂšs ; un succĂšs presque brutal, un succĂšs sauvage, Ă lâimage de ses espadrilles, de ses cheveux longs et indomptĂ©s ; Ă lâimage de sa dĂ©coupe de boxeur, de sa tenue de scĂšne, si on peut parler de tenue » ! En fait de jeu de scĂšne, Brassens escaladait pĂ©niblement les planches, suait, toussait, lançait Ă la volĂ©e de petits regards furtifs, ne saluait jamais, bougonnait tout seul on ne savait quoi entre deux chansons⊠et ceci prĂ©cisĂ©ment dans les annĂ©es oĂč Ă©mergeaient quelques grandes figures du music-hall Juliette GrĂ©co, Barbara, Monique Leyrac, Les FrĂšres Jacques, Yves Montand, Jacques Brel, parmi tant dâautres, et jusquâĂ lâinusable Gilbert BĂ©caud qui enflammera la salle de lâOlympia de 1954 Ă 1997 ; toutes et tous passĂ©s maitres dans lâart de chauffer un public, de le saturer dâenthousiasme et de lui communiquer dĂ©tresse et joie, pour la féérie dâune soirĂ©e au théùtre. Heureusement, au moment oĂč il allait affronter cet insoupçonnable succĂšs, Georges Brassens Ă©tait dĂ©jĂ un homme solide. On est solide, quand on a passĂ© le cap des trente ans au dĂ©but des annĂ©es cinquante dans la France populaire de ce temps-lĂ ; quand on est issu dâun milieu modeste le pĂšre, maçon Ă Cette aujourdâhui SĂšte, lâemmenait parfois sur ses chantiers et Brassens avouera sâĂȘtre coltinĂ© des sacs de cinquante kilos sur plusieurs Ă©tages sans ascenseur. CâĂ©tait moins fatigant que de chanter sur une scĂšne, affirmera-t-il aussi, sans la moindre ironie, bien des annĂ©es plus tard. Il Ă©tait solide, Ă©galement, dâavoir dĂ» affronter le regard accusateur des bienpensants de sa ville, Ă la suite dâun vol de bijoux commis avant la guerre, puis dâavoir connu la misĂšre, une fois montĂ© Ă Paris, ensuite le Service du travail obligatoire Ă Basdorf en Allemagne, enfin une vie plus que frugale dans lâimpasse Florimont, oĂč lâon se lavait en toutes saisons dans une bassine dâeau froide⊠et tout cela sans aucun sens de sa propre bohĂšme. Il souffrit certes de la faim, certains jours, et tous ceux qui lâont connue le disent la faim est vorace, elle dĂ©vore toutes les journĂ©es, mais, Ă part cela, Brassens nâa jamais regrettĂ© cette pĂ©riode bien connue de sa vie â une sorte de pĂ©riode maudite que les rĂ©cits mĂ©diatiques se plairont Ă transmuter en lĂ©gende dorĂ©e. Pourtant, cette vie rugueuse convenait Ă ce gaillard, sans mĂȘme quâil songeĂąt Ă y voir une quelconque originalitĂ©. Georges Brassens avait mis sa dĂ©termination dans le fait de vivre Ă sa guise, tout simplement et il se moquait bien du fric et du confort [2]. Notons donc dâabord ceci que la vie du jeune Brassens, pour libre quâelle fĂ»t, nâĂ©tait pas, et ne serait jamais exempte de discipline. Il faut plus de courage quâon ne lâimagine gĂ©nĂ©ralement pour vivre selon ce quâon pense, selon ce quâon veut, selon ce quâon croit et pour se mettre Ă faire ce quâon aime Ă la face du monde. Car le monde est peuplĂ© de rĂȘveurs et de jaloux qui nâont pas jouĂ© du piano, pas Ă©crit de romans, pas chantĂ© de chansons, pas exercĂ© le sport quâils croyaient aimer. Le monde est peuplĂ© de gens qui se sont Ă©puisĂ©s Ă mille choses, mais qui nâont cependant jamais travaillĂ©, mĂȘme sâils passent cinquante heures par semaine Ă se dĂ©gonfler le cĆur et lâesprit dans un bureau. Ă lâinverse, ceux qui travaillent, au sens oĂč on lâentend ici, se laissent modeler par ce quâils modĂšlent, se laissent buriner par ce quâils burinent. Ils sont conduits par leur dĂ©sir et ce dĂ©sir creuse en eux la source dâune soif plus grande encore. Cette libertĂ© exige une fameuse discipline parce que, justement, la discipline de ces travailleurs-lĂ est mise au service de leur plus grande libertĂ©. Qui douterait du cran des Oiseaux de passage, que la chanson confronte Ă la vie heureuse des bourgeois Lâair quâils boivent ferait Ă©clater vos poumons, dit ce beau texte de Jean Richepin, que Brassens sâest pleinement appropriĂ© en en faisant une chanson. Ă la routine des ronds-de-cuir, Georges Brassens qui nâĂ©tait pas pour autant dĂ©nuĂ© dâun certain gout pour la rĂ©gularitĂ© et les habitudes domestiques a assurĂ©ment prĂ©fĂ©rĂ© la libertĂ© des crĂ©ateurs. Son application Ă Ă©crire et Ă composer des chansons, lâa poussĂ© au meilleur de lui-mĂȘme, Ă lâaventure profonde de la crĂ©ation et Ă lâĂ©tourdissante familiaritĂ© avec les paradoxes, oĂč se reconnaissent, finalement, ces Ă©tranges aventuriers, ces oiseaux de haut vol que sont, parmi nous, les artistes. Je me propose donc dâexaminer ce qui a dĂ©jĂ pu bĂątir cet homme avant quâil ne sâacquitte, sans se dĂ©truire, de la corvĂ©e de chanter ses chansons sur une scĂšne, vers 1952. Soyons justes, Brassens ne lâa jamais cachĂ© il doit beaucoup, dâabord, Ă ses parents. Son enfance est enrobĂ©e dâaffection. On nâest jamais peut-ĂȘtre mieux Ă©levĂ© que dans la pauvretĂ© je nâai pas Ă©crit dans la misĂšre !, quand la joie se trouve simplement, quand les exigences et les illusions sont naturellement rabotĂ©es par la mesure des moyens. On vit alors gaiment dans le rĂ©el qui, selon le mot de RenĂ© Char, est susceptible de dĂ©saltĂ©rer lâespĂ©rance. Aux antipodes de lâingratitude, Brassens, qui mesura sans doute combien vivre une enfance heureuse Ă©tait un privilĂšge, sut rendre hommage Ă ses pĂšre et mĂšre. Le thĂšme abonde dans son Ćuvre ; quâil nous suffise ici de citer deux chansons seulement. Dâabord, lâhistoire autobiographique qui inspira les Quatre bacheliers p. 212 [3]. Elle Ă©voque ce menu larcin, dont jâai dĂ©jĂ un peu parlĂ©. Brassens et ses copains avaient volĂ© quelques bijoux, mais ils avaient aussi Ă©tĂ© rapidement dĂ©noncĂ©s, puis amenĂ©s au poste de police de SĂšte, dâoĂč on avait appelĂ© leurs familles. Une menace pĂšse sur le quatriĂšme bachelier, dont le pĂšre, le plus fort, le plus grand, pourrait faire un malheur. Mais ce pĂšre, un sosie du papa de Georges, ne se sent pas reniĂ©. Il salue son petit » avec tendresse et lui passe mĂȘme sa blague Ă tabac. Plus discrĂštement, la chanson se termine par une Ă©vocation de la mĂšre Et si les chrĂ©tiens du pays, Jugent que cet homme a failli, Ăa laisse Ă penser que, pour eux, LâĂvangile, câest de lâhĂ©breu⊠Car si Louis Brassens vivait sans Dieu ni Maitre, sans Ăglise et sans Patrie, Elvira Dragosa, en revanche, emmenait leur petit garçon Ă la messe et, mieux que cela, elle pratiquait lâĂ©vangile au quotidien, ce qui, dâailleurs, peut sâaccorder sans mal avec les valeurs dĂ©ployĂ©es par un homme Ă©pris de toutes les libertĂ©s, y compris celle dâaccepter sereinement quâon ne crĂ»t pas comme lui. Jamais Brassens ne compta sa mĂšre au rang des hypocrites ou des grenouilles de bĂ©nitiers. Plus tard, il adoptera, en gros, les positions philosophiques de son pĂšre, mais il serait malhonnĂȘte de ne pas voir dans son Ćuvre une importante prĂ©sence du catholicisme. MĂȘme et surtout quand il la traitait avec dĂ©rision TempĂȘte dans un bĂ©nitier, p. 279, il manifestait Ă lâĂ©gard de cette religion, Ă lâexclusion dâaucune autre, un intĂ©rĂȘt soutenu, en ne confondant jamais lâinstitution, quâil bousculait, et lâacte de foi que, sans le partager, il respectait. Et il observait que certains prĂȘtres pouvaient penser et agir en hommes libres. Une chanson trop peu connue lâatteste Brassens pouvait avoir de lâadmiration pour les curĂ©s », Ă condition, bien sĂ»r, que ceux-ci soient capables de poser des actes courageux et non conventionnels. La messe au pendu p. 277 met en scĂšne la colĂšre dâun ecclĂ©siastique opposĂ© farouchement Ă la peine de mort, pourtant pratiquĂ©e dans sa paroisse. Le chanteur, qui a commencĂ© par avouer que les hommes dâĂglise HĂ©las / Ne soient pas tous des dĂ©gueulasses conclut AnticlĂ©ricaux fanatiques, Gros mangeurs dâecclĂ©siastiques, Quand vous vous goinfrerez un plat De cureton, je vous exhorte, Camarades, Ă faire en sorte Que ce ne soit pas celui-lĂ . PĂšre et mĂšre sont donc non seulement honorĂ©s dans lâĆuvre de Brassens. Ils sont, de surcroit, revendiquĂ©s par lâartiste comme les inspirateurs de son Ă©thique. Brassens ne construisit pas sa libertĂ© contre son milieu, mais Ă partir de lui. Câest un homme de tradition, qui perpĂ©tue ce quâil a reçu dâune famille, mais seulement parce que cela lâĂ©panouit et parce que cela dilate sa propre libertĂ©. Comme un nombre important de ses chefs-dâĆuvre demeure malheureusement ignorĂ©, jâattire encore lâattention sur une chanson posthume, créée sur disque vinyle par le regrettĂ© Jean Bertola, puis admirablement rendue par Maxime Le Forestier [4] Lâorphelin p. 355 Un Brassens de cinquante ans commence par faire mine dây envier les jeunes orphelins qui, dans leur malheur, trouvent tout de mĂȘme quelques compensations, alors que lui, le vieux quinqua, qui vient de perdre ses parents, nâintĂ©resse personne. Celui qui a fait cettâ chanson A voulu dire Ă sa façon Que la perte des vieux est par- Fois perte sĂšche, blague Ă part. Avec lâĂąge, câest bien normal, Les plaies du cĆur guĂ©rissent mal. Souventes fois mĂȘme, salut Elles ne se referment plus. Câest chantĂ© sur le rythme, Ă son tour ironique, dâune petite valse tristounette. Tout le Brassens de la maturitĂ© passe ici un chagrin est partagĂ© Ă la derniĂšre seconde dâune petite chanson jusque-lĂ simplement drĂŽle ou lĂ©gĂšre [5]. Mais le bagage familial nâexplique pas tout dans la construction dâune libertĂ© bien charpentĂ©e, mĂȘme si câest effectivement de sa famille que le chanteur reçut le tout premier terrain de son Ă©rudition la chanson française. Brassens savait par cĆur des centaines de chansons, avant mĂȘme de se risquer Ă en composer une. De nombreux tĂ©moignages lâattestent il Ă©tait incollable sur Charles Trenet, Ray Ventura, Jacques Grello, Mireille et Jean Nohain, Tino Rossi, Henry Garat et tant dâautres. Un disque compact assez rĂ©cent un document dâailleurs, plus quâun vĂ©ritable travail de studio nous fait la surprise de lâentendre chanter la sĂ©millante Quand tu danses de DelanoĂ« et BĂ©caud et dâautres chansons modernes de son temps. Il aimait Claude François, figurez-vous, et, une fois devenu cĂ©lĂšbre, il ouvrit la porte du succĂšs Ă des personnalitĂ©s aussi diffĂ©rentes que Paul Louka, Yves Simon, Guy BĂ©art, Anne Sylvestre, Serge Lama ou la dĂ©jĂ citĂ©e Monique Leyrac, qui fut une des plus belles interprĂštes de la chanson au QuĂ©bec. Un vĂ©ritable Ă©rudit a des gouts Ă©clectiques, mais aussi des gouts raisonnĂ©s. Le jeune Brassens nâĂ©tait pas forcĂ©ment, on le devine, un Ă©lĂšve assidu Ă SĂšte. Mais, comme bien des cancres, il aurait pu forcer lâadmiration de ses maitres par le travail acharnĂ© quâil menait hors des bancs de la classe. Il Ă©coutait passionnĂ©ment la radio et le phonographe. Il recopiait tout, mĂ©morisait tout, sâintĂ©ressait Ă toutes les chansons. Il avait dĂ©jĂ compris que cet art Ă©phĂ©mĂšre et volatil dĂ©posait dans les cĆurs populaires de prĂ©cieuses pĂ©pites dâempathie. Câest vrai. La chanson dont je me fiche de trancher si câest un art mineur ou majeur, mais dont je mâinquiĂšte plutĂŽt de savoir si elle reste ce quâelle doit ĂȘtre un art exigeant, variĂ©, surprenant et accessible, la chanson offre Ă tout le monde une multitude de miroirs, et je nâai jamais vu ou vĂ©cu une situation humaine que ne pĂ»t accompagner une chanson. LâĂ©rudition du jeune Brassens portait aussi sur les chansons dâautrefois. Il en aimait les diffĂ©rents genres. Il les alimentera lui-mĂȘme, plus tard, dans son Ćuvre, non sans veiller toujours ou presque Ă leur apporter un surcroit dâattention littĂ©raire. Ce double fait, un Brassens livresque et studieux, couplĂ© Ă professionnel dâun genre principalement oral la chanson », fut Ă lâorigine de nombreux malentendus. Ăcouter Misogynie Ă part, ou MĂ©lanie, ou mĂȘme Le bulletin de santĂ© en oubliant que Georges Brassens aimait autant la chanson dâĂ©tudiants que la chanson de salle de garde, risque de faire tomber sur lui le reproche imbĂ©cile de ne pas aimer les femmes, dâĂȘtre un macho, un pornocrate et je ne sais quelle autre sottise, alors quâil se contentait de sacrifier librement et cum grano salis Ă un genre bien dĂ©fini de la chanson traditionnelle. Malheureusement, ces lĂ©gendes malpropres courent encore sur lui. De la mĂȘme façon, sâen prendre Ă Bonhomme, Ă Saturne ou Ă Dans lâeau de la claire fontaine pour dĂ©noncer un passĂ©iste, revient Ă oublier quâil posait ces chansons dans un genre bien prĂ©cis, dont les racines moyenĂągeuses, puis galantes pouvaient encore inspirer son savoir-faire et toucher, dans son public, une corde sensible intemporelle. Qui dit chanson, suppose musique. Le jeune Brassens est un fĂ©ru de jazz. Sur ce point, un diffĂ©rend lâopposa Ă sa famille, bien quâil ne lâexprimĂąt jamais avec aigreur. Mais voilĂ Elvira qui rĂȘvait que son fils devĂźnt fonctionnaire interdit au jeune Georges tout accĂšs Ă la musique. Pour elle, se faire musicien, câĂ©tait se faire mendiant. Ă la dĂ©charge de cette femme craintive, il faut noter que le cinĂ©ma muet avait dĂ©jĂ perdu presque toutes ses plumes quand Georges se mit Ă exprimer des besoins de solfĂšge. Les anciens musiciens des salles obscures hantaient, dĂšs lors, les pavĂ©s des villes en subsistant, plutĂŽt mal que bien, grĂące Ă la gĂ©nĂ©rositĂ© des trottoirs. Brassens devint donc un mĂ©lomane jazzophile, Ă©rudit et analphabĂšte, puis un autodidacte balbutiant, au clavier, dĂšs quâil dĂ©nichait nâimporte oĂč un piano boiteux. Il finit, me dit-on, par inventer une techniÂque dâaccompagnement Ă la guitare ; technique simple, performante, mais vĂ©ritablement personnelle. Pour exercer cette maniĂšre particuliĂšre de soutenir la mĂ©lodie de ses chansons, il posait le pied gauche sur une chaise, et allez donc, poum, poum et poum⊠Il faut noter que Georges Brassens travaillait beaucoup ses musiques, mais il nây insistait pas en les chantant sur disque ou sur la scĂšne. Pour lui, la musique Ă©tait principalement destinĂ©e Ă porter le texte [6], dâoĂč son refus des orchestrations, et ce fameux poum, poum, poum » qui bouchait les oreilles dâun grand nombre. Il suffit cependant dâessayer de chanter Brassens ou de lâĂ©couter sĂ©rieusement ou de lâentendre par ses multiples interprĂštes dâhier et dâaujourdâhui, pour saisir quâil Ă©tait un des plus audacieux compositeurs de la chanson française⊠et un des plus variĂ©s, aussi. Toujours est-il quâon le sent presque prĂȘt Ă entamer, mĂȘme si cela ne lui plait quâĂ demi, une carriĂšre de chanteur en public. Presque⊠Presque, oui, car jâoublie Ă peu prĂšs lâessentiel. Tout ce qui a construit le jeune chanteur la famille, un certain gout pour la tradition, une faramineuse Ă©rudition dans le domaine de la musique de jazz et des chansons de variĂ©tĂ©, lâapprentissage obstinĂ© et solitaire de la musique⊠tout cela ne serait rien sans les deux grands piliers de la vie de Brassens la lecture et lâamitiĂ©. Brassens Ă©tait un lecteur insatiable. Depuis longtemps, jâĂ©coute son Ćuvre, je traque ses interviews, je me documente, jâapprends ses chansons. Quand je visionne les rares films oĂč on le voit chanter en public, je jubile, bien sĂ»r, de la qualitĂ© des Ćuvres ; je me rĂ©jouis des connivences quâil Ă©tait parvenu Ă Ă©tablir, Ă la longue, avec tous ces inconnus dont il Ă©tait aimĂ©. Je ris avec le parterre des trouvailles drolatiques de Brassens. Car la fraicheur de ses chansons est dĂ©cidĂ©ment inusable. Mais je souffre Ă©galement, mine de rien. Je souffre de le voir si gauche sur la scĂšne, si gĂ©nial dâĂȘtre gauche, si vrai dans sa gaucherie, mais, au total, si malheureux de sâexhiber. Pour Brassens, contrairement Ă bien dâautres chanteurs, la vraie vie nâest pas sur une scĂšne. VoilĂ pourquoi, sans doute, on courait pour le voir et on courait dâautant plus que ses apparitions se rarĂ©fiaient avec le temps ce maitre de la chanson nâĂ©tait pas vraiment un chanteur. Une sorte dâami plutĂŽt qui, plus ou moins adroitement, vous conviait Ă partager le gout de la chose bien faite, bien tournĂ©e, bien Ă©crite. Un fervent qui vous faisait part de sa lecture du monde. On ne dira jamais assez les liens que tissent entre elles la lecture et lâamitiĂ©. Certes, je suis loin de prĂ©tendre que tous les amis de Georges Ă©taient des lettrĂ©s. Il fraternisait avec des Ă©crivains, bien sĂ»r, mais pas uniquement, grĂące Ă Dieu. Son petit cercle comprenait quelques artistes cĂ©lĂšbres, des quidams parfaits, une photographe, un employĂ© de ministĂšre, des ouvriers et mĂȘme deux prĂȘtres. Câest dire que les liens entre lâamitiĂ© et la littĂ©rature se construisent autrement, Ă un autre niveau. Lâimmense lecteur et relecteur quâil Ă©tait savait que lâamitiĂ©, comme les livres, demande patience, fidĂ©litĂ©, assiduitĂ©. Mes livres sont mes amis », disent volontiers les grands lecteurs, oui, mais je pourrais aussi inverser la proposition mes amis sont comme des livres. Car mes livres autant que mes amis participent Ă mon dĂ©chiffrage, puis Ă ma relecture du monde. Georges Brassens aimait les poĂštes. Pas tous les poĂštes, hĂ©las. Il sâarrĂȘtait Ă Apollinaire et on lui doit aussi une brĂšve prĂ©face Ă©logieuse, publiĂ©e Ă lâoccasion dâune réédition dâAchille ChavĂ©e. Il frĂ©quentait lâĆuvre dâAragon, parce que cette poĂ©sie demeurait de facture classique. On ne lui connait pas dâengouement pour ses contemporains Ă lâexception de Paul Fort, et de lâobscur Antoine Pol [7]. Mais il savait par cĆur des pans entiers de Villon, de Ronsard, de Corneille, de Racine, de La Fontaine, de Lamartine, de Victor Hugo, de Baudelaire, de Verlaine⊠Lorsque lâAcadĂ©mie française lui dĂ©cerna son Grand Prix de poĂ©sie en 1967, il se trouva au moins une voix pour sâinsurger celle du Belge Alain Bosquet, poĂšte lui-mĂȘme, romancier et non des moindres et critique littĂ©raire alors fort Ă©coutĂ© Ă Paris. Jâadmets, et je soutiens cet agacement, venant dâun homme qui, jusquâĂ son dernier souffle, dĂ©fendit la poĂ©sie contemporaine. Bosquet publiait courageusement des anthologies vivantes. Il discernait, dans la poĂ©sie moderne, ce qui mĂ©ritait dâĂȘtre lu, sâefforçait dâĂ©carter les supercheries. Il traduisait les poĂštes opprimĂ©s sous les dictatures, dirigeait une collection de poĂ©sie chez Belfond. On Ă©tait Ă la grande Ă©poque de Follain, de FrĂ©naud, de Marcel Thiry. Philippe Jaccottet et Anne Perrier affermissaient leurs voix⊠En consacrant Brassens, les acadĂ©miciens consacraient les formes du passĂ©. Cela scandalisa Bosquet, lui qui dĂ©fendait lâexigence dâune poĂ©sie Ă lâĂ©criture libre et inquiĂšte, tout en refusant les productions illisibles, qui hĂ©las, commençaient Ă foisonner, elles aussi, dans le landerneau poĂ©tique. Quant Ă Brassens, lui-mĂȘme, il sâen foutait ». Et rendons-lui cette justice, quâil sut toujours prĂ©server sa libertĂ© en restant Ă lâĂ©cart des polĂ©miques quâil suscitait bien malgrĂ© lui, lui qui chantait, dans Les trompettes de la renommĂ©e, ce qui fut toujours son crĂ©do dâartiste Si le public en veut [8], je les sors daredare ; Sâil nâen veut pas, je les remets dans ma guitare. p. 164 Et, mine de rien, ces deux jolis alexandrins, extraits dâune des quelques chansons humoristiques que Brassens consacra Ă sa propre rĂ©putation, laissent entendre quâil composait et quâil composerait toujours, quoi quâil advienne, pour son propre plaisir dâabord, mais que câĂ©tait bien le public qui sâappropriait ses chansons. Georges Brassens, qui ne faisait rien pour plaire comme dâailleurs rien non plus pour dĂ©plaire accueillait le succĂšs avec une certaine indiffĂ©rence. Il savait aussi essuyer lâinsulte sans broncher. MĂȘme couvert dâor, il vivait sobrement. Hormis sa guitare et lâamour quâil avait Ă prononcer le français, il nâa jamais eu grand-chose Ă perdre. CâĂ©tait bel et bien un homme libre. Mais il reste que lâĂ©pisode dâune controverse avortĂ©e avec Alain Bosquet met en lumiĂšre, comme nous le verrons, une des nombreuses ambigĂŒitĂ©s qui entourĂšrent, dĂšs ses dĂ©buts, lâours, le gorille, le fier-Ă -bras de Canetti, de Patachou et dâun petit quarteron de fidĂšles, qui crurent en lui, Ă lâaube des annĂ©es cinquante. Car personne, vraiment, nâavait prĂ©vu un succĂšs si rapide. En le voyant peiner sur scĂšne, Patachou dĂ©cide que son poulain a besoin de ce que nous appellerions aujourdâhui une formation ». Elle lâemmĂšne en tournĂ©e en Belgique, non pour quâil y chante, mais pour quâil sây frotte au monde du spectacle et pour quâil dĂ©couvre tous les mĂ©tiers de la scĂšne et surtout des coulisses. Je doute un peu, quant Ă moi, de lâefficacitĂ© dâun tel stage, mais Brassens en ramĂšnera des amitiĂ©s solides avec des Bruxellois, et un gout dĂ©finitif pour⊠le tabac de la Semois ! Tout aussi pragmatique, quoique bien autrement avisĂ©, Jacques Canetti lâemmĂšne enregistrer ses premiers septante-huit tours. En excellent homme dâaffaires, il flaire le scandale. Les chansons de Brassens sont jugĂ©es pornographiques et sĂ©ditieuses. On les interdit sur les ondes nationales aux heures de grande Ă©coute. Tant mieux ! Les gens iront se coucher plus tard. Le gorille, puis HĂ©catombe feront un joli succĂšs sous les manteaux, et cela se vendra comme des petits pains. Lâanecdote donne Ă penser. Car Brassens, sans le savoir et sans le vouloir, bĂ©nĂ©ficie, dans ces annĂ©es-lĂ , dâun bouleversement mĂ©diatique dâimportance. La radio, dâabord, sâĂ©tait certes bien rĂ©pandue en Europe et aux Ătats-Unis pendant les annĂ©es trente. Mais la guerre lâavait en quelque sorte anoblie. De lâAppel du 18 juin aux discours de Vichy, elle avait servi dâarme de guerre, et les messages codĂ©s pour les rĂ©seaux de la RĂ©sistance Ă©taient quelquefois suivis par ceux-lĂ mĂȘme qui nây comprenaient rien, mais qui attendaient tout, de ces charabias Ă©coutĂ©s en cachette [9]. Elle Ă©tait prĂ©sente dans tous les foyers et, avant que la tĂ©lĂ©vision envahisse tout, on lâĂ©coutait religieusement, parfois en famille, ce qui favorisa et dĂ©multiplia le dĂ©veloppement de lâart oral par excellence quâest la chanson. Et les disques ? Les cires Ă©phĂ©mĂšres et crachotantes sâapprĂȘtaient Ă cĂ©der le pas aux matiĂšres plastiques. BientĂŽt, les prix baisseraient, et on pourrait Ă©couter jusquâĂ douze chansons sur les deux faces dâun seul trente-trois tours ! BientĂŽt, aussi, les radios se libĂšreraient [10]. DĂšs sa crĂ©ation, Europe 1 diffusa hardiment Georges Brassens Ă des heures de grande Ă©coute. Le succĂšs, cette fois, dĂ©barquait en plein quai. Brassens nâĂ©tait plus de contrebande et, on le rĂ©pĂ©tait partout câĂ©tait le poĂšte de la chanson. Jâai toujours trouvĂ© trĂšs Ă©trange, cette Ă©lĂ©vation au rang de poĂšte dâun homme qui refusa ce titre avec une obstination modeste [11], et plus Ă©trange encore que ce label fĂ»t dĂ©cernĂ© par les journaux, les radios et les tĂ©lĂ©visions qui, dans le mĂȘme temps, se mirent Ă bouder peu Ă peu la poĂ©sie, jusquâĂ refuser dâen parler. Ă ceux qui prĂ©tendent que la lecture seule de Georges Brassens suffit Ă dĂ©montrer quâil est poĂšte, jâoppose le simple fait que lâexercice est impossible, puisque, tous, nous avons entendu le chanteur avant de le lire. Et je mets au dĂ©fi un amateur de poĂ©sie de trouver un intĂ©rĂȘt puissant dans sa maigre production strictement poĂ©tique. Ses romans sont pires encore, et il le savait bien. Ă lâinstar de Jacques Brel, qui fit quasiment le mĂȘme parcours dans les mĂȘmes annĂ©es, Georges Brassens dut se dire un beau jour quâil valait mieux faire un bon chansonnier quâun mauvais Ă©crivain. Quelques tĂ©moignages confirment quâil souffrit un peu de ce quâil considĂ©rait comme un abaissement de ses ambitions. Câest le prix du gĂ©nie et de la libertĂ© les vrais crĂ©ateurs tĂątonnent beaucoup, mais ils finissent toujours par trouver leur voie, quitte Ă dĂ©laisser une part de leurs rĂȘves. Qui reprocherait Ă Georges Brassens dâavoir fait le choix de la chanson, de sây ĂȘtre tenu avec assiduitĂ© et application, dây avoir mis de la poĂ©sie, de la sensibilitĂ©, de lâhumour et dâĂȘtre assurĂ©ment devenu une rĂ©fĂ©rence musicale, tout en donnant Ă penser Ă deux ou trois gĂ©nĂ©rations dâauditeurs ? MalgrĂ© lui, cependant car, en somme, seules ses chansons ne se faisaient pas malgrĂ© lui, cette rĂ©putation, Ă mes yeux largement usurpĂ©e, ou plus prĂ©cisĂ©ment dĂ©placĂ©e de poĂšte contribua Ă son succĂšs, et prĂ©cisĂ©ment Ă son succĂšs mĂ©diatique. Car, nous venons de le voir, les mĂ©dias se feraient rapidement les fossoyeurs des poĂšmes. Pour ĂȘtre plus prĂ©cis et moins polĂ©mique, le tournant des annĂ©es cinquante voit prolifĂ©rer les stations de radios, puis sâinstaller, dans les mĂ©nages, un monstre sonore et visuel fascinant. Le livre perd son statut de rĂ©fĂ©rence unique et prĂ©fĂ©rĂ©e dans les domaines de lâapprentissage, de la culture et des loisirs. DĂšs lors, le tour trĂšs littĂ©raire et la tonalitĂ© ouvertement nostalgique des chansons de Brassens passent trĂšs bien sur les ondes. Ils passent pour donner, en quelque sorte, des lettres de noblesses Ă ces vecteurs culturels en pleine explosion. Ils passent aussi pour rassurer les gĂ©nĂ©rations qui, bientĂŽt, ne liront plus de poĂ©sie. Brassens sâassied dans leur salon. Ils lâont, tout de mĂȘme, leur poĂšte, et tant pis pour les livres de poĂšmes, qui exigent un effort dâune autre nature ! Certes, je le sais parfaitement et je lâespĂšrerais, mĂȘme, au fond Georges Brassens se ficherait bien de mes analyses. Ce quâon disait de lui lâindiffĂ©rait Ă peu prĂšs totalement. Et je pense quâil rirait de bon cĆur, sâil savait quâil a suscitĂ©, jusquâen Russie, des fans club ! Que Dieu me frappe dâaphasie / Dâinfluenza / Mais quâil mâĂ©pargne cettâ folie / Tout mais pas ça [12], chanterais-je Ă mon tour. Devenir fan » de Brassens contredirait sa libertĂ©, et jâaurais mĂȘme, ça et lĂ , de petits reproches Ă lui faire. Pourquoi pas ? Sans la libertĂ© de blĂąmer⊠» Mais ce qui le toucherait, en revanche, câest notre attachement Ă lui et Ă son Ćuvre. Ce fidĂšle apprĂ©cierait notre fidĂ©litĂ©. Il serait ravi dâĂȘtre encore Ă©coutĂ© par les hommes de sa gĂ©nĂ©ration il aurait, tout de mĂȘme, nonante ans en 2011 !, par leurs enfants et par les enfants de ceux-ci. Il Ă©couterait avec bienveillance et admiration les versions quâont donnĂ©es de ses chansons de jeunes rockeurs comme de vieux jazzmans. Et peut-ĂȘtre est-ce justement ce gout de lâattachement, cette fidĂ©litĂ© indomptable qui mâont particuliĂšrement Ă©mu chez lui. FidĂ©litĂ© aux personnes, fidĂ©litĂ© Ă la mĂ©moire de ses parents, aux amis, Ă un style de vie, Ă un art cultivĂ©, Ă©laborĂ© et labourĂ© patiemment ; fidĂ©litĂ© Ă son public [13]⊠FidĂ©litĂ© qui nâentrava jamais sa libertĂ©. FidĂ©litĂ© que jâaimerais examiner, pour conclure, sous lâangle oĂč elle sâĂ©prouve le plus souvent fragile dans les remuements de lâamour. **** Contrairement Ă une rĂ©putation dont il sâamusa lui-mĂȘme et qui fit de lui un pornographe voir p. 113, Georges Brassens a composĂ© de vraies, de belles et dâĂ©mouvantes chansons dâamour. Des Amoureux des bancs publics, p. 61, enregistrĂ©e en 1953 Ă Clairette et la fourmi p. 317, retrouvĂ©e dans ses papiers et enregistrĂ©e une premiĂšre fois par Jean Bertola en 1982, son Ćuvre parcourt de nombreux Ă©tats amoureux lâenthousiasme Jâai rendez-vous avec vous, p. 65, la nostalgie Jeanne Martin, p. 360, Lâorage, p. 128, la durĂ©e Saturne, p. 178, PĂ©nĂ©lope, p. 132, La marche nuptiale, p. 108, mais aussi lâadultĂšre souvent traitĂ© avec humour Le cocu p. 118, La traitresse p. 145 ou Ă lâombre des maris, p. 254. Divers comportements de la prostitution La fille Ă cent sous, p. 155, La complainte des filles de joie, p. 153, Ă lâinconstance Le mouton de Panurge, p. 186 sont examinĂ©s avec bienveillance. Et, si lâon trouve une seule chanson vraiment amĂšre et presque mĂ©chante, concernant le dĂ©pit amoureux Sale petit bonhomme, p. 240, les chansons dâamour Ă©blouies continuent de nous Ă©mouvoir Dans lâeau de la claire fontaine, p. 147, Il suffit de passer le pont, p. 57, La chasse aux papillons, p. 48, Je me suis fait tout petit, p. 88. De surcroit, Brassens, le libertaire, ne manque pas de voir dans lâamour une force subversive Les sabots dâHĂ©lĂšne, p. 71, BĂ©cassine, p. 233 [14]. Il saute Ă©videmment aux yeux aux oreilles, plutĂŽt, que Georges ne sâest pas privĂ©, en outre, dâirriguer la tradition des corps de gardes et des cercles dâĂ©tudiants. Mais il ne lâa pas fait sans conscience Si Brassens affectionne le juron, la langue verte et parfois crue [âŠ], Ă©crivait dĂ©jĂ trĂšs finement Walter Hilgers en 1967 [15], ce nâest jamais pour parler de lui, mais souvent pour dissimuler, par pudeur, une sensibilitĂ© et une tendresse surtout Ă lâĂ©gard des humbles [âŠ]. » On pourrait dĂ©velopper longuement ce sens de lâhyperbole pudique chez Georges Brassens ; ce gout prononcĂ© quâil avait pour le second degrĂ© â tout le contraire de la vulgaritĂ©, puisque les vilains mots » de ses chansons, soit fusent comme autant de traits dâesprit, soit, plus subtilement encore, avouent, dans leur rondeur dĂ©sarmante, lâindicible finesse de sa sensibilitĂ©. Du Gorille p. 35 Ă lâhilarante Nymphomane p. 315, le mot cru et la situation outranciĂšre alimentent la verve, lâhumour et le sens de lâhyperbole de notre parolier. Y voir de la grossiĂšretĂ© ou de la misogynie, serait, je le rĂ©pĂšte, faire fi du gout quâavait Brassens dâinscrire ses chansons dans des traditions bien Ă©tablies du genre. Mais câest, plus encore, sâaveugler ou sâassourdir sur le fil rouge qui tisse un lien subtil et rarement soulignĂ© dans toutes ces figures de lâĂ©rotisme chez Georges Brassens celui de la fragilitĂ© et de la vulnĂ©rabilitĂ© du dĂ©sir, et du dĂ©sir masculin, en particulier. Brassens nâest pas le seul chanteur de sa gĂ©nĂ©ration a avoir couplĂ© le dĂ©sir sexuel et la pratique de la religion [16]. La religieuse p. 231, par exemple, ce beau texte qui fit scandale en 1969, ne raconte rien dâautres que les tourments et les fantasmes de jeunes ados dans une Ă©glise. Ces paroles, qui ne craignent pas dâappeler un chat un chat, furent Ă©crites en un temps oĂč les filles et les garçons issus de milieux catholiques ne se rencontraient finalement quâĂ lâoccasion des offices religieux. La chanson Le fantĂŽme p. 213, mĂ©lange avec humour le rĂȘve Ă©rotique dâun jeune homme et une promesse bien moins affriolante. Dans son rĂȘve, donc, le narrateur, dont on ne peut encore deviner lâĂąge, rencontre un fantĂŽme du beau sexe, quâil convainc sans trop de mal Ă se laisser sĂ©duire, mais⊠Au pâtit jour on mâa rĂ©veillĂ©, On secouait mon oreiller Avec unâ fouguâ pleinâ de promesses. Mais, foin des dĂ©licâs de Capoue ! CâĂ©tait mon pĂšre criant Debout ! Vains dieux, tu vas manquer la messe ! » Pour lâĂ©teindre ou pour lâexacerber, lâĂ©glise hante quelquefois le dĂ©sir, chez Brassens, comme encore dans Je suis un voyou p. 75, oĂč le narrateur-parolier dĂ©tourne une jolie petite Margot des rites du catholicisme La mignonne allait aux vĂȘpres Se mettre Ă genoux. Alors jâai mordu ses lĂšvres Pour savoir leur gout⊠Sur son impuissance Ă croire, le chanteur sâexpliqua joliment dans une piĂšce assez cĂ©lĂšbre de son rĂ©pertoire Le mĂ©crĂ©ant p. 139. On ferait Ă tort de cette chanson, dâailleurs pĂ©trie dâhumour, une protestation laĂŻque. Mais que dirait-on, alors, dâun dĂ©sir autrement plus rĂ©pandu que le dĂ©sir de croire, dans le monde de Georges Brassens â un dĂ©sir que son Ćuvre nous rĂ©vĂšle parfois mitoyen des pratiques religieuses le simple et fort dĂ©sir dâaimer la femme ? La premiĂšre chose qui frappe, mĂȘme quand Brassens y va fort dans la cruditĂ© de ton et de langage, câest quâil ne domine pas son sujet ! Son Ćuvre est pleine dâhistoires plus ou moins tristes, oĂč jamais le chanteur ne se donne le beau rĂŽle. Le cocu p. 118 ? Câest lui, ou alors, il sâaliĂšne aux maris de ses maitresses Ă lâombre des maris, p. 254. Le vaincu ? Câest lui encore, quand la belle » de ses chansons part au loin, il ne sait trop oĂč mais il sait toujours, hĂ©las, avec qui Lâorage, p. 128, Je suis un voyou, p. 75, Comme une fleur, p. 126, Jeanne Martin, p. 360 ; le voilĂ , toujours sans gloire, quand il sent sa virilitĂ© menacĂ©e Lâandropause, p. 322 et dĂ©confit quand telle mĂ©gĂšre lâagace ou lâĂ©puise Misogynie Ă part, p. 238, La nymphomane, p. 315, Si seulement elle Ă©tait jolie, p. 339⊠Alors, plutĂŽt que de tourner son dĂ©pit en ressentiment ou en amertume, Georges Brassens se moque gentiment de lui-mĂȘme, en souhaitant bonne chance aux autres Quand vous irez au bois conter fleurette, Jeunes galants, le ciel soit avec vous. Je nâeus pas cette chance et le regrette. Il est des jours oĂč Cupidon sâen fout. [17] Cette gĂ©nĂ©rositĂ© habite, Ă de trĂšs rares exceptions prĂšs, lâĆuvre entiĂšre du chanteur. Elle force lâĂ©coute, parce que, par sa nature mĂȘme, la gĂ©nĂ©rositĂ© fait de la place. Trente ans aprĂšs sa mort, Brassens continue de nous tendre ses chansons Installez-vous », semble-t-il dire Ă un public qui ne cesse de se rajeunir et dont la ferveur ne faiblit pas. ComplĂštement Ă lâopposĂ© de lâimage brutale que ses premiers commentateurs voulurent donner de lui, Georges Brassens est un homme pour qui la virilitĂ© ne se construit pas sur le mythe de la puissance et de la domination. Au contraire, il sâagit plutĂŽt de reconnaitre la fragilitĂ© comme le lieu mĂȘme oĂč sâexprime son identitĂ© masculine. Mais cette fragilitĂ© ne sâĂ©tale pas avec complaisance. Il faut Ă©couter des chansons finement ciselĂ©es pour sâapercevoir que, loin de pousser lâartiste Ă lâapitoiement, elle le conduit, au contraire, vers une sorte de compassion discrĂšte, dâoĂč peut jaillir la joie de ne rien dominer. On dirait que sa fraicheur demeure neuve, comme demeurent jeunes et cuisants ses premiĂšres fĂȘtes et ses premiers chagrins amoureux. On dirait et il le dirait bien lui-mĂȘme, que les mots manquent Ă lâamour, parce que lâamour est un mystĂšre qui, dans le bonheur ou le malheur, dĂ©borde du langage. Câest ce quâexprime celle de ses chansons dont je ferais bien un emblĂšme de lâĆuvre entiĂšre et câest, en effet, le destin que lui imposerait son titre Le blason p. 242. Le blason a connu deux versions au moins. Nous pouvons entendre la premiĂšre dans le DVD du rĂ©cital donnĂ© par Brassens et Pierre Nicolas [18] Ă Bobino en 1969. Le texte nây est pas encore dĂ©finitif, et la musique composĂ©e par Brassens Ă©tonne par sa lĂ©gĂšretĂ©. Elle range la chanson au nombre de ses Ćuvres comiques, et le public rĂ©agit peu. Trois ans plus tard, la musique a changĂ© ; elle est devenue plus grave, et lâhumour, dĂšs lors, remplace la gouaille assez dĂ©placĂ©e de la premiĂšre version. Le texte est fixĂ©, le grand chef-dâĆuvre est enfin enregistrĂ© chez Philips [19] Ayant avecques lui toujours fait bon mĂ©nage, Jâeusse aimĂ© cĂ©lĂ©brer, sans ĂȘtre inconvenant, Tendre corps fĂ©minin, ton plus bel apanage, Que tous ceux qui lâont vu disent hallucinant Je ne puis, hĂ©las, citer la chanson en entier. Elle tourne autour dâun petit mot fameux, de trois lettres pas plus, familier, coutumier, dont Brassens usait et abusait dans la vie et dans les chansons, mais quâil sâabstient de prononcer ici, parce quâil dĂ©signe, indignement, la fleur la plus douce / Et la plus Ă©rotique et la plus enivrante du corps de la femme. Lâabsence de ce mot dans les paroles du Blason permet au chanteur de dĂ©cocher de jolis traits dâesprit Honte Ă celui-lĂ qui, par dĂ©pit, par gageĂŒre, Dota du mĂȘme terme, en son fiel venimeux, Ce grand ami de lâhomme et la cinglante injure ; Celui-lĂ , câest probable, en Ă©tait un fameux. Mais, au-delĂ de lâhumour qui, comme toujours, rĂ©tablit la pudeur, lâespĂ©rance et la fraternitĂ© avec le public, cette chanson espĂšre aussi que lâobjet du dĂ©sir trouve un jour, par la grĂące dâun poĂšte inspirĂ©, un joli nom chrĂ©tien. Un joli nom chrĂ©tien pour dĂ©signer cela ? Brassens nây va-t-il pas un peu fort ? Sans doute sâen prend-il, avec son ironie coutumiĂšre, aux pudibonderies du catholicisme de son temps. Oui, mais, au-delĂ du trait, peut-ĂȘtre cherche-t-il aussi Ă dire quâon vit rarement Ă la hauteur de son dĂ©sir. Fernande p. 261 et le Bon Dieu finalement assez prĂ©sent dans ses chansons en savent quelque chose le dĂ©sir, hein papa, ça nâ se commande pas.TheGeorges Brassens drawn by JosĂ© CorrĂ©aThe Full Georges Brassens playlist here: the Digital version on iTunes Chers fans de CodyCross Mots CroisĂ©s bienvenue sur notre site Vous trouverez la rĂ©ponse Ă la question Ils passent dâabord chez Brassens . 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