Belleville lâun des temples de lâart [ 1] Pour tous ceux qui ont, disons, moins de cinquante ans en 2017, les bals musette, câest du pur folklore parisien ! Ces choses appartiennent Ă la gĂ©nĂ©ration des grands-parents en ce qui regarde les tout derniers encore en activitĂ© dans les annĂ©es 1965-1975 et des arriĂšre-grands-parents quant
Par Maxime Braquet RĂ©daction rĂ©visĂ©e au 19 juillet 2017. Belleville, lâun des temples de lâart [1] Pour tous ceux qui ont, disons, moins de cinquante ans en 2017, les bals musette, câest du pur folklore parisien ! Ces choses appartiennent Ă la gĂ©nĂ©ration des grands-parents en ce qui regarde les tout derniers encore en activitĂ© dans les annĂ©es 1965-1975 et des arriĂšre-grands-parents quant aux autres. Pour sâexprimer Ă la façon de Charles Trenet, longtemps aprĂšs que ces bals ont disparu, leur empreinte persiste pourtant dans les replis de la mĂ©moire collective grĂące Ă des films culte des annĂ©es 1930 tels que La Belle Equipe, oĂč Jean Gabin, vous savez, chante Quand on sâpromĂšne au bord de lâeau, et Circonstances attĂ©nuantes, dans lequel Arletty et Michel Simon reprennent tour Ă tour le refrain dâune java canaille Comme de bien entendu ». A partir dâeux, nous nous sommes composĂ© une image arrĂȘtĂ©e des bals musette, une image dâEpinal en vĂ©ritĂ© lâarriĂšre-salle pas trĂšs grande dâun cafĂ© de faubourg, plus ou moins bouge, la piste de danse parquetĂ©e sous des guirlandes courant dâun mur Ă lâautre illustration 1, les musiciens un accordĂ©oniste soliste et un ou deux comparses marquant le rythme, juchĂ©s sur un balcon ou une estrade illustrations 2, 3 ; ces messieurs les danseurs, coiffĂ©s dâune casquette, le mĂ©got de cigarette collĂ© au coin des lĂšvres et le cou entourĂ© dâun foulard , toupillant Ă petits pas autour de la piste et collant contre eux leur cavaliĂšre illustration 4, les mains plaquĂ©es sur ses fesses le cas Ă©chĂ©ant ; un employĂ© du bal se faufilant entre les couples et lançant le fameux passons la monnaie » car, Ă cette Ă©poque, on payait Ă la danse. Dans cette mĂ©moire recomposĂ©e figure un public bigarrĂ© dâouvriers et de blanchisseuses, de voyous de barriĂšreâ cette petite pĂšgre que les journalistes ont appelĂ©e apache »â avec leurs gagneuses » et de bourgeois ou bourgeoises venus sâencanailler, comme la cĂ©lĂšbre chanson de musette Câest un mauvais garçon le raconte⊠Forme ĂŽ combien populaire de distraction, les bals musette abondaient dans tous les quartiers populeux des grandes villes et surtout Ă Paris car le modĂšle Ă©tait dâabord parisien. Dans la capitale, donc, ils se trouvaient particuliĂšrement agglomĂ©rĂ©s du cĂŽtĂ© de la Bastille rue de Lappe, des Taillandiers, passage ThierrĂ©, etc., mais des concentrations existaient aussi autour du Carreau du Temple, Ă Grenelle, sur la montagne » Sainte-GeneviĂšve, aux Batignolles, dans le bas Montmartre du Nord, Ă Charonne et Ă la Villette. Les guinches » de Belleville et de MĂ©nilmontant nâĂ©taient pas les moins courus, au contraire, puisque ces villages renfermaient des temples de danse majeurs comme Le BolĂ©ro, le Bal Ramponeau, La Java ou le Ăa gaze⊠Nous y viendrons bien sĂ»r dans la deuxiĂšme partie de cet Ă©crit mais, auparavant, il est sans doute nĂ©cessaire de planter le dĂ©cor, dâexpliquer notamment comment ces bals ont constituĂ© pendant trois-quatre dĂ©cennies des lieux privilĂ©giĂ©s de socialisation, comme disent les sociologues, et le foyer de cristallisation dâune authentique culture populaire, Ă vrai dire la seule culture populaire spĂ©cifiquement parisienne qui se soit jamais forgĂ©e dans le giron de la capitale. La culture musette, urbaine avant tout, est le pendant naturel du tango de Buenos Aires, du fado de Lisbonne, du flamenco de SĂ©ville, du rebetiko de Thessalonique ou du blues de Memphis Tennessee. A titre comparatif, on peut aussi parler dâune attitude musette » comme on le fait Ă propos du rock. 01. Un bal musette type des annĂ©es 1920. 02. Musiciens Ă leur balcon. 03. AccordĂ©on, banjo et batterie, base classique de lâensemble musette. 04. Danseurs de java, Ă casquette. PREMIERE PARTIE BrĂšve histoire du musette A lâexemple du rap et de toute culture vraiment populaire, le musette est un produit de fusion et de mĂ©tissage. Il a une histoire que nous allons retracer Ă grands traits, en commençant par une explication de mots. De la cornemuse Ă lâaccordĂ©on Pourquoi, en effet, dit-on bal musette ? alors que la musette en question nâa rien Ă voir avec la sacoche dans laquelle les ouvriers dâantan emportaient leur gamelle de dĂ©jeuner Ă lâusine. Non, la musette qui entre en jeu dans notre affaire, câĂ©tait un type de cornemuse dont le nom, Ă partir de 1860, fut transmis aux bals de quartier oĂč lâon dansait, justement, au son de la musette. Celle-ci avait aussi pour dĂ©signation cabrette parce que son sac Ă air, gonflĂ© Ă la bouche ou par lâaction dâun soufflet, Ă©tait taillĂ© dans la peau dâune chĂšvre illustration 5. Il sâagit dâun vocable auvergnat et cela renvoie directement au fait que ces bals Ă la musette Ă©taient tenus par des natifs du Massif central. Ils avaient fait leur apparition Ă Paris dĂšs le milieu du XVIIe siĂšcle, créés par des travailleurs immigrĂ©s, et offraient lâoccasion de rĂ©unions de communautĂ© oĂč sâentretenait la culture des villages du Cantal, du Puy-de-DĂŽme, de la Haute-Loire, les trois parties de lâAuvergne proprement dite, et du voisin rouergat Aveyron [2]. En habits traditionnels, les Auvergnats, au sens large, y venaient danser les bourrĂ©es et les gigues rustiques du pays illustration 6, la vielle Ă roue accompagnant la cabrette dans ce quâil est un peu exagĂ©rĂ© de nommer un orchestre. De telles manifestations se trouvaient dĂ©jĂ nombreuses Ă la fin du XVIIIe siĂšcle et SĂ©bastien Mercier, dans son illustre Tableau de Paris, rĂ©digĂ© entre 1783 et 1788, y fait allusion en ces termes Il est des bals pour tous les Ă©tats les porteurs dâeau et les charbonniers ont les leurs⊠Dans des caves, mĂȘme au fond de quelques allĂ©es, dans de sales cabarets, au son dâun violon grossier, ou dâune rauque musette, tous les dimanches et toutes les dĂ©cades car le peuple chĂŽme doublement, souvent mĂȘme dans lâintervalle, les Auvergnats dansent Ă Ă©branler les planchers et Ă faire craindre les rĂ©parations locatives. Le lieu de la danse est Ă©clairĂ© par un lustre composĂ© de deux morceaux de bois en croix ou par quelques lampions rangĂ©s Ă terre le long des murs⊠Vous voyez sâĂ©lever et retomber sans cadence et sans mesure des danseurs inimaginables. » Câest bien joli, tout ça, nous direz-vous peut-ĂȘtre, mais nâexplique pas le lien avec les bals musette qui ont fait la joie de nos anciens, oĂč il nây avait ni cornemuse ni bourrĂ©e mais java et accordĂ©on. Pourtant, le lien, car il y en a un, est prĂ©cisĂ©ment lâaccordĂ©on et voici de quelle façon de cet instrument, il faut dâabord savoir que, inventĂ© en 1829 en Autriche, il nâa guĂšre Ă©tĂ© pratiquĂ© en France avant 1880 et ce sont de nouveaux travailleurs immigrĂ©s, cette fois transalpins, qui lâimportĂšrent alors en masse en notre pays dans leurs bagages dâexilĂ©s. Les Italiens lâavaient adoptĂ© trĂšs tĂŽt et en Ă©taient si bien devenus des spĂ©cialistes quâen plus de le pratiquer en musiciens, nombre dâentre eux en fabriquaient Ă©galement. Il y eut ainsi des ateliers de construction ou de rĂ©paration fameux Ă MĂ©nilmontant, chez Gerbino, 14, rue des Amandiers, Ă Charonne, chez Atti illustration 7, et Ă la Villette, lâatelier paternel des frĂšres Peguri - dont nous reparlerons tout Ă lâheure â au 22, rue de CrimĂ©e par exemple lâun des enfants, Michel, offrira vers 1936, au 45 de la rue des Amandiers, ses prestations dâaccordeur spĂ©cialisĂ©. Ouvriers Ă la base, ces immigrĂ©s, quand ils Ă©taient instrumentistes musicaux, cherchĂšrent assez vite emploi dans les bals de quartier quâon appelait aussi bals de famille » pour arrondir leur salaire dâusine ou de chantier. Leur acceptation, chez les Auvergnats, fut trĂšs difficile car les Cantalous et les Aveyronnais craignaient que lâaccordĂ©on ne corrompĂźt les traditions et surtout ne chassĂąt la sacro-sainte cabrette de son trĂŽne dâinstrument directeur de la danse. ApprĂ©hension du reste trĂšs justifiĂ©e car le piano Ă bretelles », mĂȘme sous sa forme premiĂšre diatonique, montrait des potentialitĂ©s musicales bien supĂ©rieures Ă celles de la musette. Mais, comme dit le sage, on nâarrĂȘte pas le progrĂšs et la cohabitation de la cabrette et de lâaccordĂ©on finit par sâimposer au milieu de la dĂ©cennie 1890 illustration 8. On vit mĂȘme des joueurs de cabrette â cabrettaĂŻres, pour le dire en auvergnat â Ă©minents comme Louis ClaviĂšre et GĂ©raud Sudre se mettre Ă lâinstrument naguĂšre honni, sans lĂącher toutefois la cornemuse ancestrale illustration 8. La mise au point de la version moderne â câest-Ă -dire chromatique â de lâaccordĂ©on vers 1900, amplifiant les possibilitĂ©s rythmiques et offrant surtout des ressources mĂ©lodiques aussi bien quâharmoniques nouvelles, hĂąta lâhĂ©gĂ©monie de lâinstrument qui, autour de 1910, avait pratiquement Ă©vacuĂ© la cabrette des orchestres, la relĂ©guant aux manifestations folkloriques. LâĂ©poque classique Câest en gros entre 1895 et 1905 que le vieux bal Ă la musette devint le bal musette de grandâpapa et que sâĂ©labora le style musical de danse que nous appelons encore aujourdâhui musette » tout court, bien que tout rapport Ă la cornemuse ait disparu. Cette musique, remarquable produit du gĂ©nie populaire, est fait de lâosmose des fonds auvergnat, oĂč la cadence a grande importance, et italien, plus portĂ© sur la mĂ©lodie, au sein du creuset des us et coutumes parisiens. Le mariage entre les deux origines se laisse assez bien percevoir dans un morceau comme cette polka Ă la transalpine composĂ©e vers 1906, pierre blanche historique car sa gravure » sur rouleau â sans titre â constitue le tout premier enregistrement de musique musette. Les Italiens apportĂšrent une touche de mĂ©lancolie joyeuse bien Ă eux. Elle est surtout trĂšs sensible dans les valses lentes en mode mineur la toute napolitaine Reginella, par exemple qui, plus peut-ĂȘtre que la java, danse dĂ©rivĂ©e de la mazurka, est lâemblĂšme du musette. AccĂ©lĂ©rons maintenant le pas pour narrer la suite. Les annĂ©es 1910 seront le premier Ăąge dâor du musette. Câest lâĂ©poque des plus anciens classiques du genre comme Reine de musette, Les Triolets, Reproche, Miliana, Aubade dâoiseaux et La Bourrasque, dus aux talents de composition dâinstrumentistes lĂ©gendaires tels les frĂšres PĂ©guri, Charles, Michel et Louis, ou Albert et Emile Carrara ainsi que MĂ©dard Ferrero, tous italiens dâorigine, dâune part et de lâautre cĂŽtĂ© Momboisse et Emile Vacher, ce dernier, ça vaut le soulignement, nâĂ©tant pas mĂȘme auvergnat car tourangeau illustrations 9 et 10. Le swing musette » ou Jazz et Java Une deuxiĂšme grande Ăšre sâouvre Ă partir de 1928, oĂč lâon voit la formule des petits cafĂ©s-bals des origines commencer Ă sâeffacer devant la recette moderne des dancings musette. Lâillustre Balajo de la rue de Lappe, ouvert en 1935, Ă©tait de ce dernier type. Avec cette mutation disparaĂźtront aussi peu Ă peu les traits canailles qui ont fait la lĂ©gende du musette. A ce propos, nous voulons rééquilibrer un peu les choses. A en croire de nombreuses chroniques ou romans Ă la Francis Carco, les musettes Ă©taient des foyers de mauvais garçons oĂč les rixes au couteau pour les appas dâune dame Ă©taient monnaie courante, genre Casque dâor, vous voyez le tableau. Certains auteurs tracent mĂȘme un parallĂšle entre la naissance du musette et celle du tango argentin, qui, on lâa trĂšs souvent dit, sâenfanta dans les bouges et seulement entre machos » au dĂ©part. En vĂ©ritĂ©, et cela remonte bien avant le temps de lâaccordĂ©on, il y avait Ă Paris, des bals tranquilles quâon appelait dâailleurs bals de famille, catĂ©gorie la plus nombreuse, des bals plus dĂ©lurĂ©s et puis, câest vrai, des rendez-vous de ces fameux apaches. Comme on le verra dâailleurs bientĂŽt, ces deux derniers genres Ă©taient passablement illustrĂ©s Ă Belleville. A lâaube des annĂ©es 1930, le climat gĂ©nĂ©ral des musettes change donc. Et particuliĂšrement au plan musical. Les annĂ©es qui prĂ©cĂšdent la IIe Guerre mondiale voient un profond renouvellement Ă ce niveau. Il sâaccomplit en trĂšs grande partie sous lâinfluence dâune Ă©cole de musique Ă priori Ă©loignĂ©e des flonflons du piano Ă bretelles le jazz nord-amĂ©ricain, qui va apporter le trait fondamental du swing dans lâexĂ©cution du rĂ©pertoire musette. Il en rĂ©sultera une floraison de compositions magnifiques et quasi magiques MystĂ©rieuse, IndiffĂ©rence, FlambĂ©e montalbanaise, Mirabelle, etc., pour ne citer que ces titres, sorties de la plume dâune gĂ©nĂ©ration de musiciens exceptionnels dont Jo Privat, Tony MurĂ©na, Gus Viseur qui Ă©tait belge, soit dit en passant et Charley Bazin illustrations 11-13. Avec ceux-ci, le genre musette acquiert dĂ©finitivement ses lettres de noblesse. Les crĂ©ations de tels artistes, virtuoses tout en Ă©tant limpides, sont trĂšs Ă©laborĂ©es au niveau de la mĂ©lodie et raffinĂ©es dans les ornements ; elles font du musette une musique que lâon Ă©coute dĂ©sormais autant voire presque plus quâon ne la danse. LâimprĂ©gnation jazz, il vaut la peine de le dire, est beaucoup venue du concours des musiciens manouches qui, spĂ©cialistes du banjo et de la guitare, assurĂšrent la rythmique dans les orchestres musette dĂšs le dĂ©but des annĂ©es 1920. Avant de se consacrer complĂštement au jazz, Django Reinhardt lui-mĂȘme fut, est-ce que nous vous lâapprenons ? un excellent joueur et mĂȘme compositeur de valses musette entre 1926 et 1930 illustration 14. On peut sâautoriser Ă dire que, aprĂšs les Auvergnats et les Italiens, les Manouches ont formĂ© la troisiĂšme racine ethno-musicale du musette. DĂ©clin Comme expression dâun mode culturel de masse, le musette, malgrĂ© de nouveaux talents incontestables en accordĂ©on, notamment Yvette Horner, dĂ©cline cependant aprĂšs 1950 avec les mutations de la sociĂ©tĂ©, et presque tous ses bals fermeront au cours de la dĂ©cennie 1960. Depuis vingt-cinq ans, toutefois, des artistes venus dâhorizons divers jazz, rock, rap ou chanson, en rĂ©habilitent de façon convaincante lâesprit et les virtualitĂ©s musicales au-dessus du fil du temps. Citons pour exemples le jazzman Richard Galliano, lâĂ©clectique Marcel Azzola, les hĂ©tĂ©roclites » Bernard Lubat et Marc Perrone, le rocker GĂ©rard Blanchard, le groupe nĂ©o-rĂ©aliste Les TĂȘtes raides ou le rappeur parigot judicieusement appelĂ© Java, etc. 05. Sonneur de cabrette, en lâoccurrence le lĂ©gendaire Antoine Bouscatel. 06. Bal de famille auvergnat vers 1840. A droite, le joueur de cornemuse. 07. Boutique du fabricant et rĂ©parateur dâaccordĂ©ons Atti, rue des Orteaux, vers 1930. 08. La conciliation de la cabrette et de lâaccordĂ©on. 9 et 10. Deux grands pionniers du musette » moderne Carlo Charles Peguri et Emile Vacher. 11-13 Trois accordĂ©onistes virtuoses des annĂ©es 1930-1940, marieurs de la java et du jazz Jo Privat Ă 17 ans, Tony Murena et Gus Viseur. 14. Le jeune Django Reinhardt vers 1925, banjoĂŻste de bal musette. SECONDE PARTIE [3] Les guinches » sur notre montagne Nous avons citĂ© tout Ă lâheure Jo Privat et câest lui qui va en quelque sorte nous servir Ă prĂ©sent de guide pour initier la visite des musettes de Belleville. A un double titre, on ne pouvait trouver mieux dans ce rĂŽle que Georges dit Jo Privat ? Câest dâabord un authentique poulbot de MĂ©nilmontant puisquâil a passĂ© toute son enfance rue des Panoyaux ses parents habitaient au n° 46 illustrations 15 et 16. Ses origines familiales le disposaient ensuite particuliĂšrement Ă devenir un ambassadeur du musette puisque le pĂšre, maçon, Ă©tait auvergnat et la mĂšre, ouvriĂšre en dĂ©colletage, italienne. Les bals de Jo Jojo, nĂ© en 1919, Ă©tait encore garçonnet quand son pĂšre lâemmena au 54 de la rue de MĂ©nilmontant pour lui mettre lâaccordĂ©on dans les oreilles. CâĂ©tait lâadresse, situĂ©e un peu au-dessus la rue des Amandiers, du cafĂ© Au ThermomĂštre, oĂč des joueurs de piano Ă bretelles donnaient des maniĂšres de rĂ©cital musette. Trois ou quatre ans plus tard, le prĂ©-ado entamait son apprentissage de musicien sur le pavĂ© des rues, notamment au belvĂ©dĂšre de la rue Piat. Il faisait la manche dans les lavoirs celui du 15, rue Jouye-Rouve par exemple et les cafĂ©s, les tenanciers de bistrots comme celui du ThermomĂštre Ă©tant nombreux au sein des annĂ©es 1930 Ă rechercher, Ă Belleville et partout, des musiciens pour animer les bars Ă lâheure de lâapĂ©ro ou soutenir la cadence de battage des laveuses. Outre au cafĂ© de son Ă©veil au musette, Jo cachetonna ainsi au Balcon, au pied de la chaussĂ©e de MĂ©nilmontant, ou, cĂŽtĂ© Belleville, Ă La Vielleuse, au Trianon, au Vieux Saumur, Ă la Marquise et bien dâautres institutions bistrotiĂšres de nos quartiers encore existantes pour plusieurs dâentre elles. Vite affirmĂ©, le talent de lâadolescent fut remarquĂ© par le grand maĂźtre Emile Vacher qui, en 1935, lui obtint sa premiĂšre embauche professionnelle dans un orchestre de bal musette ; câĂ©tait Ă LâAlhambra, au 22 du bd de la Villette. Par malchance, il nâexiste pas dâimage de ce bal dont la salle sâouvrait derriĂšre un cinĂ©ma, appelĂ© du mĂȘme nom. Lâun et lâautre ont disparu dans les annĂ©es 1960. Par chance dans lâinfortune, la plume de lâĂ©crivain bellevillois pur jus quâest ClĂ©ment LĂ©pidis vient compenser le dĂ©ficit iconographique. Dans Les Bals Ă Jo, il prĂ©sente la salle de ce musette ainsi [âŠ] dans le passage au fond duquel se trouvait le bal flottaient des odeurs, un nĂ©on couleur sang tremblait au faĂźte dâune façade lĂ©zardĂ©e. Il fallait franchir cinquante mĂštres de pavĂ©s dĂ©foncĂ©s pour y parvenir. » Le regrettĂ© ClĂ©ment ajoute, dans Monsieur Jo, ces notes prĂ©cises Un lieu qui tenait davantage du bouge que du bal des familles. Grand comme un mouchoir, au fond dâune impasse grossiĂšrement pavĂ©e jouxtant un cinĂ©ma de mĂȘme nom. Le musette de Marcel la BohĂšme â câĂ©tait le surnom du tenancier du bal Ă lâĂ©poque oĂč Jo sây produisit â nâoccupait pas plus de surface quâun deux-piĂšces cuisine, lâestrade de lâorchestre surĂ©levĂ©e pour laisser place aux danseurs. Les tables Ă©taient vissĂ©es au sol. Au fond de la salle, trois tabourets devant un comptoir en Ă©tain. Une odeur de tabac froid et dâalcool mettait de suite les visiteurs dans lâambiance. Le parquet cirĂ© invitait Ă la danse [âŠ]. » DĂ©jĂ toute une ambiance dont LĂ©pidis, au sein du mĂȘme livre complĂšte ensuite la description avec ce tableau gouailleur La clientĂšle ne donnait pas dans le satinĂ© et le langage, on sâen doute, nâĂ©tait pas celui de lâAcadĂ©mie française. Il y venait des truands des quatre arrondissements, des filles habituĂ©es aux bouges de Montmartre et qui glissaient vers Belleville oĂč lâon trouvait encore de la verte [câest-Ă -dire de lâabsinthe, vous aurez vous-mĂȘmes traduit]. ». Bel endroit de formation pour lâadolescent quâĂ©tait alors Jo ! direz-vous. Le second bal oĂč travailla Jo, en 1936, est bellevillois lui aussi et du reste situĂ© Ă deux pas de LâAlhambra puisque logĂ© au 105, rue du Faubourg-du-Temple, de lâautre cĂŽtĂ© du carrefour marquĂ© par la station de mĂ©tro Belleville, au fond dâune galerie commerciale du rez-de-chaussĂ©e du Palais du commerce curieuse construction Arts dĂ©co encore visible de nos jours. CâĂ©tait La Java. Alors, si LâAlhambra nâa jamais comptĂ© parmi les grandes salles de musette de Paris, La Java, elle, quand il sâagissait vraiment dâun musette [4], jouait les premiers rĂŽles et le simple fait que Jo y fut embauchĂ©, de nouveau grĂące Ă la recommandation de Vacher, atteste les progrĂšs foudroyants que le tout jeune homme avait accomplis en peu de temps dans lâart de lâaccordĂ©on. Il ne remplaçait Ă La Java rien de moins quâun artiste chevronnĂ© et pionnier du musette, Antoine Tedeschi. Ce bal avait Ă©tĂ© ouvert en 1928. Il Ă©tait sensiblement plus spacieux que lâĂ©tablissement du boulevard de la Villette et les gars du milieu » qui le frĂ©quentaient appartenaient Ă une caste supĂ©rieure qui mettait davantage les maniĂšres. La Java, en sous-sol, sâoffrait aux regards Ă lâabri dâune lourde porte en fer forgĂ©, rapporte LĂ©pidis dans Les Bals Ă Jo, derriĂšre laquelle on parvenait Ă la salle de bal par un escalier circulaire. Une haute estrade entourĂ©e dâune Ă©paisse toile verte supportait lâorchestre. Face Ă la salle, le bar occupĂ© par deux loufiats, foulard autour du cou. [âŠ] Le lieu suintait dâune espĂšce de couleur nocturne. » LâatmosphĂšre, comme de juste, Ă©tait saturĂ©e de fumĂ©e de cigarettes illustrations 17-20. Deux animateurs particuliers Django Reinhardt et Jane Chacun Jo ne resta pas trĂšs longtemps Ă La Java non plus, appelĂ© Ă dĂ©velopper dans des bals de plus en plus cotĂ©s une carriĂšre dĂ©jĂ fort bien engagĂ©e. On le sait, le fils de lâAuvergnat et de lâItalienne formera pendant prĂšs de quarante ans le pilier musical du mythique Balajo de la rue de Lappe.. A La Java, pour revenir Ă elle, le dĂ©butant prodige de lâaccordĂ©on accompagnera lâune des reines de la chanson musette, Jane Chacun illustration 21, qui est beaucoup passĂ©e dans les concerts et bals de Belleville. Jane, il vaut la peine de le dire, a sans doute Ă©tĂ© la premiĂšre interprĂšte, donc avant Lucienne Delyle, de la trĂšs cĂ©lĂšbre composition dâEmile Carrara sur des paroles de LĂ©o Agel, Mon Amant de Saint-Jean, dans une version primitive oĂč lâ amant » en question nâĂ©tait encore quâun costaud », câest-Ă -dire un barbeau, un proxĂ©nĂšte, quoi. Et puis nous voulons encore rattacher Ă La Java un Ă©pisode tragique de la vie de Django Reinhardt. Django et son banjo avaient fait, en 1928, lâouverture de La Java avec lâaccordĂ©oniste Maurice Alexander, bien connu comme accompagnateur de la grande FrĂ©hel. Câest un soir de novembre de cette annĂ©e, alors quâil venait de terminer sa prestation au bal de la rue du Faubourg-du-Temple et avait regagnĂ© sa roulotte de Manouche, quâun incendie se dĂ©clencha dans lâhabitation Ă la suite dâun geste malencontreux. Le musicien y faillit mourir et ne put sâen tirer quâen subissant la perte de lâusage de deux doigts de la main gauche. Django, entre 1926 et 1928, et Jane Chacun, vers 1936, ont passĂ© dans un troisiĂšme bal bellevillois, le Ăa gaze, un fringant musette créé en 1924 au 27 de la rue de Belleville par le cafetier MadĂ©rieux. Jo y a travaillĂ© aussi mais plus tard, pendant la guerre. Des pointures majeures du piano Ă bretelles ont assurĂ© les beaux jours de cet Ă©tablissement, tels Fredo Gardoni, Augusto Baldi, qui deviendra propriĂ©taire de La Java, Maurice Alexander et lâAuvergnat bon teint Jean Vaissade, avec lequel Django, comme banjoĂŻste, a fait ses premiers enregistrements sur cire. Il y eut trĂšs probablement aussi le Nordiste Victor Marceau, et câest trĂšs certainement pourquoi celui-ci aurait titrĂ© Ăa gaze un autre prestigieux tube du musette. Dans son livre de chroniques Commune Mesure 1938, Renaud de Jouvenel parle dâ une salle sombre quâun Ă©clairage rouge et voilĂ© dĂ©guise dâun peu de mystĂšre bon marchĂ©. » illustrations 22-24. ClĂ©ment LĂ©pidis ajoute dans Monsieur Jo quâ il y rĂ©gnait une ambiance de bouge ». Il y existait dâailleurs une sortie de secours sur le passage Lauzin aujourdâhui effacĂ© qui, un peu dĂ©robĂ©e, Ă©tait bien pratique les soirs de rafle pour la partie de la clientĂšle qui craignait la police. A lâĂ©poque de lâoccupation allemande de Paris, le Ăa gaze, comme bien dâautres bals, ferma officiellement ses portes mais, en rĂ©alitĂ©, poursuivit ses soirĂ©es de maniĂšre clandestine. Jo Privat, qui fut un acteur de ces soirĂ©es, rapporte quâĂ lâĂ©poque, le musette du 27, rue de Belleville fut surnommĂ© La Rafale en raison dâun Ă©change de coups de mitraillette qui se serait produit entre truands. Autres pistes de danse vedettes Bien plus paisible se trouvait ĂȘtre le Ramponeau, au 3 de la rue Ă©ponyme, Ă lâangle avec la rue DĂ©noyez [5] illustration 25. Attenant au cafĂ© Raynal, il reprĂ©sentait le type mĂȘme du bal de famille dont jâai parlĂ© tout Ă lâheure. CâĂ©tait une salle plutĂŽt grande et abondamment Ă©clairĂ©e, Ă la diffĂ©rence du Ăa gaze et de La Java. RĂ©putĂ© chroniqueur des annĂ©es 1910 et 1920, AndrĂ© Warnod nous en parle ainsi LâaccordĂ©on est perchĂ© sur une sorte dâarmoire. Aux murs, des Ă©criteaux rappellent que la bonne tenue est de rigueur et, entre autres, que les messieurs ne doivent pas danser entre eux. » Ces derniers mots Ă©taient-ils une plaisanterie ? Pour Warnod, en tout cas, cette maison Ă©tait lâun des musettes les plus beaux de couleur qui existaient dans la capitale. Les guides des festivitĂ©s parisiennes du temps le recommandent comme un haut lieu musettier » bellevillois Ă lâĂ©gal de La Java. A la hauteur de la station de mĂ©tro Couronnes et de la rue Ă©ponyme, Le BolĂ©ro, 54, boulevard de Belleville, a eu Ă©galement une belle renommĂ©e. Un magazine spĂ©cialisĂ©, La Revue de lâaccordĂ©on, parle en 1935 [6] du cadre merveilleux » de la salle quâanimaient de leur instrument les maĂźtres Albert et Emile Carrara. Parfois, Jo Privat y faisait les aprĂšs-midi du samedi et du dimanche, retournant au Balajo en soirĂ©e ; câest ainsi quâil vit un jour arriver sur le boulevard bellevillois Jean Gabin et sa compagne dâalors, Mireille Balin. Ce musette, qui devint un dancing, Ă©tait cotĂ© assez chic. Ancien Ă©tait Ă©galement le bal des Trois Lions, 86, bd de Belleville, angle avec la rue Bisson. Voici comment Warnod, que nous avons dĂ©jĂ citĂ©, le dĂ©peint en 1922 Il porte un nom prometteur mais il nâa rien de bien curieux. Le bal des Trois Lions a lieu 4 fois par semaine dans une grande salle attenant Ă un cafĂ©, un trĂšs grand cafĂ©, Ă©blouissant de lumiĂšre, avec une terrasse, un cafĂ© comme il y en a tant sur ces boulevards lointains, avec des phonographes et des garçons empressĂ©s. Le public est composĂ© dâouvriers et dâouvriĂšres du quartier. Tout cela est assez crasseux, sans pittoresque ni couleur. La salle est garnie de guirlandes en papier, les danseurs sont nombreux, on ne reçoit dans la salle de danse que les gens qui dansent, les buveurs doivent rester au cafĂ©. » Dans ce cafĂ©, le mĂŽme de MĂ©nilmuche Maurice Chevalier, ĂągĂ© de 12 printemps, effectua son tout premier apprentissage de scĂšne, en 1900. Sans appointements, comme de bien entendu. Le Belleville des grandes annĂ©es du musette comptait encore une dizaine dâautres bals dâune certaine importance mais sans doute un peu moins courus que ceux que nous avons prĂ©cĂ©demment nommĂ©s. Il y en avait notamment une petite agglomĂ©ration sur les hauteurs du quartier de la porte des Lilas, dont Le Lapin vengeur et le Bal VarĂšse, au bout de la rue de Belleville, qui sont peut-ĂȘtre ceux que le romancier bellevillois EugĂšne Dabit, lâauteur de LâHĂŽtel du Nord, Ă©voque dans son livre de mĂ©moire Faubourgs de Paris 1933. Non loin de lĂ ,, au 136 bis de la rue Pelleport, le Bal du Stade Anastasie Ă©tait avant tout, dans les annĂ©es 1921-1933, un rendez-vous parisien majeur pour la boxe, Ă la fois salle dâentraĂźnement et ring de combats. Sur un terrain extĂ©rieur attenant, les pratiquants de toute discipline sportive pouvaient affiner leur forme. Ce complexe appartenait Ă un ancien champion du noble art, Louis Anastasie, qui avait Ă©tabli lĂ son Continental Sporting Club. Le Stade Anastasie faisait aussi restaurant, câĂ©tait pratique pour les athlĂštes qui pouvaient reconstituer Ă table leurs forces puis se dĂ©lasser aux accents de lâaccordĂ©on. Enfin, des sĂ©ances de cinĂ©ma de plein air sây donnaient lâĂ©tĂ©. Un certain romancier amĂ©ricain nommĂ© Ernest Hemingway passa au moins une fois dans ce surprenant lieu [7]. Revenons Ă nos moutons au centre de Belleville, le restaurant franco-italien des frĂšres Regalli, 19, de la rue de la Villette, possĂ©dait une salle de sociĂ©tĂ©s de bon genre qui, les week-ends, accueillait un public fourni sur sa piste de danse musette il avait pour seconde enseigne Le Roulis, tout un programme. Le Bal Rispal de la rue des Envierges avait Ă©galement des fidĂšles. Dans la cour du 28, rue de MĂ©nilmontant, il y eut aussi un bal, voisinant avec le cinĂ©ma PhĂ©nix. Mais, curieusement, les Ă©tablissements dansants de MĂ©nilmontant, qui ont Ă©videmment existĂ© Ă plus dâun exemplaire, nâont pas ou trĂšs peu laissĂ© de traces dans les mĂ©moires Ă©crites. Il est cependant possible de penser avec de grandes probabilitĂ©s de vĂ©ritĂ© que des musettes Ă lâaccordĂ©on ont pris la succession de ces musettes Ă la cornemuse â câest-Ă -dire rappelons-le, les vieux bals auvergnats â quâun journaliste, Emmanuel Patrick, cite dans une sĂ©rie dâarticles de 1886 et 1887 voir Ă la bibliographie. Tel fut sans doute le cas de La TĂȘte de cochon, 116, boulevard de MĂ©nilmontant, qui Ă©tait aussi une gargote. La fameuse AmĂ©lie HĂ©lie, dite Casque dâor, frĂ©quentait lâendroit, affirment des biographes de la dame. Nommons aussi le Rendez-Vous de la Vienne, au 103 du mĂȘme boulevard mais sur le trottoir opposĂ©, cĂŽtĂ© 11e arrondissement. Dans ses chroniques, Pattrick mais E. Chautard en parle aussi dans La Vie Ă©trange de lâargot, donne encore le cas du bal Jules Bonnabot 1, rue de Pali-Kao-74, bd de Belleville Sorte de bal musette dâordre infĂ©rieur [âŠ] qui existait depuis une vingtaine dâannĂ©es. Au-dessus de la porte dâentrĂ©e, on avait accrochĂ© un tableau qui reprĂ©sentait deux couples dâAuvergnats en habits de fĂȘte exĂ©cutant des entrechats fantastiques. Au fond, un monsieur, grave et solennel, soufflait dans une musette. Comme lĂ©gende, cette inscription qui nâappartient Ă aucune langue connue âMi pia bien la dansa / Viva les Auvergnats !â Cet Ă©tablissement a Ă©tĂ© volontairement fermĂ© au mois de septembre dernier [donc en 1884] parce que nây allait plus personne. Le local a Ă©tĂ© transformĂ© en salle de billards. » Ce fut le cafĂ©-hĂŽtel BurguiĂšre vers 1905. VoilĂ , nous avons Ă peu prĂšs bouclĂ© le sujet et, pour prendre congĂ©, terminerons par un tĂ©moignage personnel. Le musette, comme expression populaire gĂ©nĂ©ratrice de formes culturelles et dâun comportement social, a, rĂ©pĂ©tons-le, cessĂ© de vivre depuis une cinquantaine dâannĂ©es. Tout au plus reprĂ©sente-t-il aujourdâhui, dans nos modernes boĂźtes » et discothĂšques », un numĂ©ro dans lâordre des danses, entre tango et fox-trot, pendant le quart dâheure rĂ©tro de la soirĂ©e. Pourtant le spectre du musette a continuĂ©, bien aprĂšs 1965, Ă hanter les vieux cafĂ©s de nos quartiers. Il y a de cela seulement deux dĂ©cennies, par exemple, il nâĂ©tait point exceptionnel de rencontrer encore dans certains bistrots de Belleville, Ă lâheure de lâapĂ©ro, un accordĂ©oniste Ă la tĂȘte chenue offrir lâamuse-bouche de tubes de musette aux clients fidĂšles du bar. Tout Ă fait dans le climat que dĂ©peint une trĂšs cĂ©lĂšbre et magnifique photo de Doisneau prise dans un bar prĂšs des anciens abattoirs de la Villette illustration 27. Lâauteur du prĂ©sent article a connu en particulier cela dans un bar-tabac de la rue Saint-Maur, en face de lâĂ©glise Saint-Joseph, au sein du bas Belleville, ou bien dans la salle de ce restaurant ouvrier Ă la mode dâantan qui occupa, jusquâen lâan 1997 Ă peu prĂšs, lâangle des rues PixĂ©rĂ©court et de la DuĂ©e, Ă MĂ©nilmontant [8]. Un jour quâil y dĂ©jeunait, il demanda Ă lâaccordĂ©oniste de service cette fois-lĂ quâil jouĂąt IndiffĂ©rence. Attendez que je mâĂ©chauffe un peu », rĂ©pondit-il. Quelque morceaux aprĂšs, effectivement Ă©chauffĂ© », il envoyait une magnifique interprĂ©tation du chef-dâĆuvre de Murena. 15 et 16. Le gosse Jo Ă six ans et son théùtre dâaventures dâalors, la rue des Panoyaux. 17. La Java ». LâentrĂ©e du bal en 1950. 18. La Java ». La piste de danse, dessin de 1932 extrait de la revue La Rampe ». 19. La Java » les danseurs. 20. La Java » le distributeur et ramasseur de jetons de danse. 21. Jane Chacun, son portrait sur la pochette du CD dâun rĂ©enregistrement, donc, moderne de ses succĂšs. 22. Le Ăa gaze » la salle et la piste, dessin de 1932 extrait de la revue La Rampe ». 23. Le Ăa gaze » maison MadĂ©rieux jetons de danse. 24. Le Ăa gaze » manifestation pittoresque devant lâentrĂ©e, rue de Belleville, vers 1940. 25. Le Bal de famille Ramponeau ». Remarquer la fenĂȘtre de type feniĂšre sous le toit, signe dâune vocation plus ancienne de la construction. 26. Belle et mystĂ©rieuse dame de lâaccordĂ©on devant des saigneurs de la Villette. Merci, Doisneau ! ANNEXE. Adresses des bals musette de chez nous » Alhambra Lâ, 22, bd de la Villette, 19e. _Balcon Au, 152, bd de MĂ©nilmontant, 20e. Bal du dimanche. _Billards Aux Trois, ex-Lions, 86, bd de Belleville, Coin CafĂ© Au, 10, rue PixĂ©rĂ©court, Bal, 74, bd de Belleville 1, rue de Pali-Kao en 1877, gaze, 27, rue de Belleville, Bal, il ne sâagit pas de Martin Cayla le cabrettaire, 10, rue du GĂ©nĂ©ral-Brunet, Clair de lune CafĂ©,1, bd de Belleville dâaprĂšs la Revue de lâaccordĂ©on dĂ©cembre 1935, 11e. LâaccordĂ©oniste Gaschard sây Bal Louis, 103 ou 107 ?, rue Saint-Maur, Petit Bal, rue de MĂ©nilmontant, vers la rue Sorbier, La, 105, rue du Faubourg-duTemple, Bal musette, 37, rue Jacques-Louvel-Tessier, Bal du, maison Raveau, 296, rue de Belleville, 20e. Pas forcĂ©ment vengeur Le, 341, rue de Belleville, Bal musette, 72, rue dâAngoulĂȘme Jean-Pierre Timbaud aprĂšs 1945, Bal de famille, 1, rue DĂ©noyez, Bal, 19, rue de la Villette, de la Vienne Au, 103, bd de MĂ©nilmontant, 11e. Selon Patrick, il y avait lĂ en 1886, presque en face de lâancien bal Graffard un piĂštre et rebutant dĂ©bit de boissons ayant pour enseigne Au Rendez-Vous de la Vienne. La façade est de couleur rouge, comme le nez des buveurs endurcis ». Il dit aussi que le criminel Broussel, surnommĂ© lâĂ©trangleur de femmes, en Ă©tait un habituĂ©. Il y fut arrĂȘtĂ© en 1883. AndrĂ© Warnod voir 1922 Ă la bibliographie reprend ces du Lac Le, 337, rue de Belleville, Bal, 18, rue des Envierges, Bal musette du, 136, rue Pelleport, de cochon Bal A la, 116, bd de MĂ©nilmontant, 20e. CitĂ©e par Patrick en 1887, gargote trĂšs Bal, 296, rue de Belleville, Guinguette, 6, impasse Compans, 19e. Actif dĂ©jĂ en 1911. Dans le cadre de lâaffaire de la bande Ă Bonnot, les policiers, lors dâune descente », trouvĂšrent des revolvers sur les danseurs. Willy Ronis lâa photographiĂ©e par deux fois, Ă des dates Ă©loignĂ©es lâune de lâautre, et François Truffaut y a tournĂ© une scĂšne de Jules et JimâŠVosgien CafĂ© Le, ex-ZaĂŻna, 23, avenue Simon-Bolivar, 19e. DĂ©bits de boissons qui, dans les annĂ©es 1930, accueillaient Ă lâoccasion des accordĂ©onistes notamment le tout jeune Jo Privat pour de petits concerts Celtic CafĂ© Le, 20, rue de Belleville, CafĂ© A la, 95, rue de Belleville, CafĂ© Au, 54, rue de MĂ©nilmontant, CafĂ© A, 69, rue de Belleville, La, 2, rue de Belleville, Saumur Le, 10, rue de Belleville, 20e. Quelques bonnes adresses trĂšs voisines Ă la Villette 19e et Ă Charonne 20e Capelle Musette, 16, bd de Charonne, 20e. Selon Musette, 140, bd de la Villette, des Charrons, 146, bd de la Villette, 19e. Nostalgie 2015 rue des Envierges Photo Maxime Braquet. Bibliographie Ballen NoĂ«l, Django Reinhardt, Ă©d. du Rocher Monaco, 2003. BM et François, et Roussin Didier, Histoires de lâaccordĂ©on, Ă©d. de lâINA,1991. BNF, Alphonse et Azzola Marcel, La Valse musette et lâaccordĂ©on, Ă©d. Solar, 1998. BM. MĂ©moires de Martin Cayla », dans Paris-Centre-Auvergne, n° 8, 1972. BNFDelaunay Charles, Django Reinhardt, Ă©d. Le Terrain Vague, 1961 et 1968. Claude, La Bastoche, bal-musette, plaisir et crime, 1750-1939, Ă©d. du FĂ©lin, 1997. Vente en librairie, accessible dans les bibliothĂšques municipales BM.Girard Roger, Quand les Auvergnats partaient conquĂ©rir Paris, Ă©d. Fayard, 1979. BM et Pierre LĂ©once, A travers Paris inconnu, Ă©d. imprimerie G. Decaux,1876. BNF. Journal LâAuvergnat de Paris, annĂ©es 1880-1910. BNFLĂ©pidis ClĂ©ment, Monsieur Jo, Ă©d. Le PrĂ© aux clercs, 1986. BM ; Les Bals de Jo, Ă©d. Le SĂ©maphore, 1998. Vente en librairie, Emmanuel, articles sur les vieux cabarets et bals de Paris dans le journal Le Courrier français, annĂ©es 1886-1887. BNFPinguet Francis, Un monde musical mĂ©tissĂ©, Ă©d. de La Revue musicale, 1984. Jean-Baptiste, Paris Ă la fin du XVIIIe siĂšcle, 1801. Accessible Ă la BibliothĂšque nationale de France BNF. Rapport de police du 1er juillet 1879, recensement des bals. Accessible aux Archives de la prĂ©fecture de police de de lâaccordĂ©on et du bal musette La, annĂ©es 1935-1938. de lâaccordĂ©oniste, 1954. La Rampe, 1932. BNF site OpĂ©ra,Valdour Jacques. De la Popinquâ Ă MĂ©nilmuche, Ă©d. Spes, 1924 ; Le Faubourg, Ă©d. Spes, 1925. Les deux ouvrages Ă la BNF numĂ©risĂ©s » Gallica.Warnod AndrĂ©, Bals, cafĂ©s et cabarets, Ă©d. E. FiguiĂšre,1913 ; Les Bals de Paris, Ă©d. Georges CrĂšs et Cie, 1922. Les deux ouvrages Ă la BNF.] 11 avril 2016 lâAssociation dâhistoire et dâarchĂ©ologie du 20e arrondissement AHAV ; vient de sortir, en version papier format A5, agrafĂ© Ă la pliure, le texte brut du prĂ©sent article. Il fait partie du sommaire du bulletin n° 63 2e tr 2016 de lâAssociation, avec un article de M. Paul Lecat "De la campagne Ă la ville naissance du quartier de la RĂ©union entre 1848 et 1860". On peut se procurer le bulletin 5 euros en le commandant, soit Ă la librairie Presse Ă livre, 97, rue de Belleville, Paris 19e, soit auprĂšs de lâAHAV aha20 chez Toute utilisation en dehors du cadre privĂ© ou scolaire doit faire lâobjet dâune demande auprĂšs de lâassociation la Ville des Gens info chez ou de M. Braquet bramax2013 chez Notes
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